Adieu et merci
Le cosmos, c’est partout, comme disait Marguerite Duras : « Ici, c’est partout et partout, c’est ici. » Il y a une convention, un objet, un spectacle, une navette spatiale. Un objet qui nous entoure (le théâtre), un objet que l’on a devant soi : soi. C’est pareil. Devant soi ou autour de soi, c’est toujours soi. Adieu et merci. Rien n’aura eu lieu que le lieu. Axel Bogousslavsky a dit récemment dans une émission de radio que la voix de Marguerite Duras — voix si particulière — laissait entendre, dans son voyage, ce qu’il y avait avant la naissance (rien) et ce qu’il y avait après la mort (rien). Que cette voix si riche en harmoniques laissait entendre ça : le cosmos de tout qu’on ne peut pas penser. Latifa Laâbissi a ce pouvoir-là, ce pouvoir de sorcière. Adieu et merci. Je suis là, mais momentanément. Vraiment momentanément. Elle danse une danse qui, pour moi, n’est pas un solo, mais un quatuor. Au moins. Elle déploie une machine de guerre en étoile de sens, efficace et cyclique pour voir ce dont il est question : cet avant et cet après dont nous sommes le passage.
Source : Yves-Noël Genod
En savoir plus : http://figureproject.com
Laâbissi, Latifa
Mêlant les genres, réfléchissant et redéfinissant les formats, le travail de Latifa Laâbissi fait entrer sur scène un hors-champ multiple ; un paysage anthropologique où se découpent des histoires, des figures et des voix. La mise en jeu de la voix et du visage comme véhicule d'états et d'accents minoritaires devient indissociable de l'acte dansé dans Self portrait camouflage (2006), Histoire par celui qui la raconte (2008) et Loredreamsong (2010). Après Phasmes (2001), pièce hantée par les fantômes de Dore Hoyer, Valeska Gert et Mary Wigman, elle revient sur la danse allemande des années 20 avec le diptyque Ecran somnambule et La part du rite (2012). Poursuivant sa réflexion autour de l'archive, elle imagine Autoarchive (2013), une forme performative portant sur les enjeux et les filiations de son propre travail. Sa dernière création Adieu et merci (2013) continue à creuser dans l'inconscient de la danse en construisant une minutieuse chorégraphie de traces et d'inclinations mettant le spectacle en abyme.
Adieu et merci
Direction artistique / Conception
:
Latifa Laâbissi
Interprétation
:
Latifa Laâbissi
Scénographie
:
Nadia Lauro
Lumières
:
Yves Godin
Costumes
:
Nadia Lauro / Latifa Laâbissi
Direction technique
:
Ludovic Rivière
Son
:
Manuel Coursin
Autres collaborations
:
Remerciements à Isabelle Launay, Yves Noël Genod, Jean-Christophe Paré, Francois Chaignaud
Production / Coproduction de l'œuvre chorégraphique
:
Figure Project – Rennes / Production déléguée : Latitudes Prod – Lille Coproduction : Les Spectacles vivants – Centre Pompidou – Paris, Festival d’Automne à Paris, Musée de la danse -CCNRB, Théâtre National de Bretagne – Rennes, Le Phare – CCN du Havre Haute-Normandie, Open Latitudes network, Le Vivat – scène conventionnée d’Armentières, Institut français / Ville de Rennes et Rennes Métropole / Avec le soutien du Tanzquartier Wien et du Centre national de danse contemporaine Angers / direction Emmanuelle Huynh (2012)