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Vlovajobpru est une compagnie de danse contemporaine créée en 2005 par François Chaignaud et Cecilia Bengolea qui en sont à la fois les chorégraphes et les interprètes.
Leur esthétique comporte une démarche anthropologique et développe une idée du corps dansant comme sculpture en mouvement. On relève dans leur travail à la fois un réel intérêt pour le milieu queer et les danses urbaines, mais aussi l’influence de la danse académique.

Une friction des genres

1.   Différents genres de danse au sein d'une même chorégraphie

Devoted

Dans Devoted (2015), différentes danses s’entrecroisent comme le dancehall, le voguing et le classique. Les traversées que font les neuf danseuses sur pointes rappellent d’ailleurs les défilés des “Bals”, apparus dans le milieu queer, noir et hispanique américain où l’on trouve du voguing. Les codes des mouvements sont alors brouillés et les artistes questionnent le genre classique: ils vont même jusqu’à créer un modèle antithétique. 

Dans Sylphides (2009), les corps sont dissimulés et opprimés dans des combinaisons en latex noires pouvant rappeler celles du SM ou encore des sacs mortuaires. Le titre de l’œuvre fait référence au personnage de la pièce La Sylphide, créature mythique, gracieuse et légère qui incarne l’allégorie de la danse classique. Cette dernière est ici remise en question. 

2.   Des genres sexuels non définis

(M)imosa

Twenty Looks or Paris is Burning at The Judson Church (M)

On trouve régulièrement un jeu volontaire sur le genre qui crée la confusion. En effet, dans (M)imosa (2011), la danseuse Marlene Monteiro Freitas joue sur son physique androgyne et François Chaignaud apparaît en drag queen. Le travestissement et la structure en numéros renvoient à nouveau aux “Bals”, notamment par le biais de la danse voguing qui constitue l’axe principal de ce spectacle. 

Dans Dub love (2013), le genre est flouté. Le justaucorps chair renforce cet effet. On peut le voir avec le physique androgyne de François Chaignaud.

On retrouve aussi, dans cette chorégraphie, une ambiguïté entre les genres dansés puisque les danseurs.seuses font des pointes sur la musique live de DJ Dub High Elements.

L’univers de la fête et des danses urbaines est donc représenté ici.

Influence des danses urbaines et populaires, une visée anthropologique

1.   L'influence du clubbing

«Le lien avec le club est moins dans la transposition sur le plateau que dans la conception même de la pièce. Nous avons eu la chance de la créer dans plusieurs lieux de résidence – Londres, Paris, Marrakech, New York – et d’expérimenter la vie de la nuit dans ces villes. L’enjeu est de rendre compte de cette “rencontre universelle des gestes”, et non de citer telle ou telle danse.»

Cecilia Bengolea pour La Terrasse, 2014

Altered Natives' Say Yes to Another Excess - TWERK

La musique live est régulièrement présente dans les œuvres de ces deux artistes. Ici, les DJs de Butterz Record, passent du grime et les danseurs.seuses, costumé.e.s de couleurs fluos et de matières en tout genre, exécutent une chorégraphie mêlant twerk, breakdance, voguing ou encore danse classique.

On est alors plongé dans l’univers de la fête, les plateaux étant souvent nus comme dans les clubs et les boîtes de nuit où la piste de danse est dégagée. 

2.   Le voguing

Le voguing est une danse issue des communautés remuantes, liées aux inégalités sociales, à la violence, mais aussi à l’énergie, à l’intensité de la vie urbaine. 

Le tour du monde des danses urbaines en dix villes

Ce spectacle est une conférence dansée. Initialement interprété par Ana Pi, c'est ici Dalila Cortes qui présente les danses urbaines. 

L'interprète prend la parole, elle explique son art. Elle fait émerger une cartographie complexe où le voguing, le dancehall, le pantsula et bien d’autres nous rappellent l’histoire des migrations, de l’exclusion, des luttes dont les corps portent le témoignage. 

Extrait de "Paris is Burning" film de Jennie Livingston (1991), performance et interview de Willi Ninja

 Paris is burning (1991) est un film documentaire de Jennie Livingston sur les “Bals”. Il constitue la première archive vidéo de danse voguing. On y trouve le développement de quelques catégories de défilés et des maisons. Dans cet extrait, celle de Willi Ninja est présentée. 

 Paris is burning (1991) est un film documentaire de Jennie Livingston sur les “Bals”. Il constitue la première archive vidéo de danse voguing. On y trouve le développement de quelques catégories de défilés et des maisons. Dans cet extrait, celle de Willi Ninja est présentée. 

 «S’il existe des conservatoires et des institutions pour les danses et arts classiques et contemporains, beaucoup d’autres formes de danse s’apprennent autrement même si elles ont des niveaux de savoir-faire virtuose. Dans nos pièces, nous essayons d’embrasser ces différentes techniques de danse, sans les hiérarchiser.»

Cecilia Bengolea, Propos recueillis au CCN – Ballet de Lorraine le 16 avril 2015

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