"Parce qu'une chose est plus forte que nous, à savoir l'éternelle progression du temps, qui ne s'arrête jamais et conduit inévitablement à la mort." (Christian Boltanski)

Une chorégraphie artificielle est générée par l'enchaînement et la répétition de 25 images fixes. Un rythme est formé par des modules de sons naturels et artificiels (gouttes d'eau et cliquetis d'une machine). Une voix chuchotante récite "The Burial of the Dead" du poème "The Waste Land" de T.S. Eliot.
Dans la partie gauche de l'écran se trouve une image statique qui, à première vue, ressemble à un motif sacré, peut-être un autel quelconque. En fait, il s'agit d'une table sur laquelle se trouve un nid d'oiseau éclairé par une lampe au néon. De petits squelettes d'oiseaux y reposent.
Memento... Boltanski ! "est une danse de vanité sur la futilité de la vie.
 

Eri Kassnel réalisatrice
Eri Kassnel Producteur
Dominik Feistmantl Danseur
 

Réalisation
 

La base de ce travail est constituée de photographies en exposition longue, prises pendant une répétition de danse. L'ordre des photos ayant été réorganisé par mes soins, la "danse" qui en résulte n'a rien à voir avec la chorégraphie originale. Sur le plan acoustique, j'ai procédé de la même manière : à partir de gouttes d'eau et de bruits de machines, j'ai sélectionné des éléments individuels et les ai assemblés pour former un rythme.
 

Son
 

Tous les sons sont réalisés et édités par moi-même exclusivement pour cette œuvre.
 

Biographie de la réalisatrice - Eri Kassnel📷
Eri Kassnel est une artiste conceptuelle et vidéo basée en Roumanie, qui vit et travaille désormais dans un petit village bavarois en Allemagne. Elle a étudié la "restauration" à l'Université des Arts de Berne/CH et les "médias interactifs" à l'Université des Sciences Appliquées d'Augsbourg/DE.
Dans ses œuvres, elle examine le processus de remémoration et s'interroge sur l'identité en tant que construction artificielle entre réalité et fiction.
Ses œuvres sont présentées dans des expositions et des festivals internationaux.

Déclaration de la directrice
Nous sommes le récit de notre propre mémoire et de la mémoire des autres à notre sujet. C'est ainsi que se forme notre identité dans un contexte chronologique.
Mais nous savons aujourd'hui que la mémoire n'est ni vraie, ni objective, ni complète. Nous posons des traces, nous collectons des documents et des photographies, et nous les archivons. J'y vois un doute existentiel : qui suis-je vraiment si je ne peux pas faire confiance à ma mémoire et à celle des autres ? Si je ne laisse aucune trace, ai-je jamais existé ?
À l'ère du numérique, les archives en nuage avec d'énormes volumes de stockage sont notre mémoire. Les algorithmes collectent de grandes quantités de données et de traces que nous laissons derrière nous dans l'étendue infinie de l'internet. Ils trouvent tout et n'oublient rien. Ils semblent nous connaître mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes. Et plus encore, ils savent même avec une probabilité statistique ce que nous ferons ensuite.
Peuvent-ils nous dire qui nous sommes ? Pouvons-nous leur faire confiance ? Ou ne s'agit-il que d'images déformées d'intelligences artificielles dont personne ne peut percer la logique et les intentions ?
Ce qui m'intéresse, c'est l'être humain avec sa perception subjective et sa capacité à se souvenir, à oublier, à s'associer et - consciemment ou inconsciemment - à imaginer ses propres utopies.