(Not) a Love Song
2008 - Réalisateur-rice : Yadan, Rémy
Chorégraphe(s) : Buffard, Alain (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse
Producteur vidéo : pi:es
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin
(Not) a Love Song
2008 - Réalisateur-rice : Yadan, Rémy
Chorégraphe(s) : Buffard, Alain (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse
Producteur vidéo : pi:es
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin
(Not) a Love Song
De Good Boy (1998) aux Inconsolés (2005), la question du genre et des représentations de la sexualité a traversé chacune de mes pièces. L’insistance de ces enjeux me confronte à des interrogations qui sont à la fois formelles et politiques, et auxquelles je préfère me mesurer, plutôt que d’en anticiper les réponses. C’est grâce à la matérialité du processus de travail mis en œuvre sur chacun des projets qu’un jeu de résonances et de contradictions fécondes entre eux se sera peu à peu mis en place. D’étape en étape, j’ai ainsi relancé les dés d’une nécessité qui, pour moi, demeure indissociablement poétique et subjective.
Avec Dispositifs 3.1 (2001), et plus encore Dé-marche (2002), je n’ai pu éluder ce rapport à la fiction et à la narration que j’avais jusqu’alors tenu à l’écart de ma recherche. Avec Les Inconsolés (2005), j’ai tenté d’épaissir les figures – pas encore tout à fait des personnages, mais plus que des silhouettes. Ces « inconsolés » m’ont permis, et ce d’une manière plus évidente pour moi, de raconter en somme une histoire, ou des histoires, en abordant aux rives du rêve et du fantasme, celles du trouble et de la transformation. Et en me confrontant aux procédures d’illusion que l’espace théâtral permet, mieux qu’aucun autre, de conférer à ces quasi-personnages cette épaisseur corporelle dont je veux éprouver la densité. Vécu comme nécessaire, et comme mutuellement dépendant du travail sur le geste et l’espace, le dialogue engagé avec la musique (en jouant de la disjonction classique et rock) et la voix (parlée ou chantée) me conduit aujourd’hui au désir de m’y engager plus
directement. À l’occasion de Mauvais Genre (2003) déjà̀, j’avais entrepris une série de collaborations, successivement avec Claudia Triozzi, Vera Mantero et Mark Tompkins. Car je les avais invités autant pour leurs qualités d’interprètes, partie prenante du dispositif chorégraphique, que parce qu’ils étaient des chanteurs à part entière. J’avais également convié Georgette Dee pour la version à Cologne, tandis que, plus tard, pour le finissage de l’exposition Umstellung/Umwandlung à Vienne, c’est Dorit Chrysler, avec son thérémine et sa voix acidulée, qui nous donnait le change.
Depuis quelques années, je caresse le rêve de me frotter au genre difficile de la comédie musicale. Si j’ai été́ bercé par les grandes productions hollywoodiennes, les clichés et les attendus de l’entertainment m’ont souvent ennuyé́. En particulier, les prétextes et les arguments traités la plupart du temps d’une manière si guimauve, qu’on en ferait à peine un mauvais roman de gare. Avec ce projet, je voudrais contaminer les codes musicaux et dramaturgiques du genre, en puisant dans ce qui m’a nourri depuis toujours, et qui se trouve au confluent de musiques et de climats esthétiques et émotionnels très variés.
(Not) a Love Song sera pour nous l’occasion d’une dérive frayant dans les parages d’un certain cinéma – du Sunset Boulevard de Wilder au Veronika Voss de Fassbinder... Là où la mémoire des postures, des lumières, des voix, des gestes, bref l’éclat camp des artifices sera le prétexte à un genre inédit : la tragédie musicale. Chansons donc, pour servir de support à une trame dramatique relayée par les trois personnages féminins qui se constituent dans l’ombre des souvenirs cinématographiques. Les relations de possession, de sadisme, de dépendance, de passion se développent dans ce drame de la perte de l’objet d’amour et de sa propre identité. Car le vieillissement des comédiennes ne se confond avec la perte d’un autre objet d’amour que parce que leur identité soudain vacille, de se confronter aux miroirs que leur métier, leur art auront comme à dessein multiplié. Ce sont là, les motifs qui nourrissent le cinéma et le show-business dans leur aptitude à servir de métaphore de notre condition, où la fascination pour son propre double se déploie plus librement (plus crûment) que dans l’existence. Les chassés- croisés d’identités ne visent qu’à renforcer la spirale dé-réalisante de la représentation.
C’est pourquoi je ne peux concevoir ce projet qu’avec des personnalités artistiques riches, complexes, versatiles et polymorphes. Rencontré à l’occasion de Mauvais Genre donné au Danspace à New York, Miguel Gutierrez s’est imposé comme une évidence pour ce projet. Outre la force et la puissance de son jeu d’acteur, il s’autorise nombre de transgressions des codes du danseur avec une brillante impertinence. Ses capacités techniques de chant, il est back vocal pour Antony and the Johnsons, alimenteront les lignes de ce nouvel opus.
Si nous connaissons Vera Mantero comme une chorégraphe et une improvisatrice douée, elle excelle aussi comme chanteuse. Ses interprétations singulières de Caetano Veloso mais aussi de quelques standards de jazz lui ont valu un beau succès. Sa pro- pension à une mobilité́ plastique de son corps, visage compris, démêlera les fils liés aux questions de genre qui ne sauraient être absentes de ce travail.
Claudia Triozzi est une performeuse tout autant qu’une chanteuse hors pair, capable de négocier des dérapages vocaux savamment élaborés. Sa personnalité capable d’aventure et de démesure m’a paru convenir exactement à un projet qu’auraient très certainement refusé Doris Day et Annie Cordy. Et puis travailler à nouveau ensemble, c’est aussi une manière non pas de faire un bilan mais de relancer les dés.
C’est évidemment avec les qualités singulières et les différences de chacun des performeurs que l’histoire se construira et plutôt que suivre le scénario d’un film en particulier, nous nous inspirerons de certaines scènes prélevées. Pour n’en citer que deux, je pourrais évoquer tout autant l’impressionnant face-à-face de Bette Davis et Joan Crawford dans What Ever Happened to Baby Jane?, ou bien encore cet autre film de Robert Aldrich, The Killing of Sister George, où Beryl Reid annonce à sa petite amie que son personnage de série TV sera assassiné lors du prochain épisode. (Not) a Love Song se propose de figurer ces multiples pertes.
Alain Buffard [septembre 2006]
Buffard, Alain
1960-2013.
Alain Buffard commence la danse en 1978 avec Alwin Nikolais au Centre national de danse contemporaine d'Angers. Interprète de Brigitte Farges, Daniel Larrieu ou Régine Chopinot, il devient assistant à la Galerie Anne de Villepoix et couvre l'actualité des arts visuels en France pour pour deux quotidiens norvégiens.
En 1996, il fait deux rencontres déterminantes, Yvonne Rainer et Anna Halprin avec qui il travaille en tant que lauréat de la "Villa Médicis - hors les murs".
En 1988, Alain Buffard chorégraphie un premier solo "Bleu nuit", puis "Les Maîtres Chanteurs" de Wagner mise en scène Claude Régy au Théâtre du Châtelet en 1989. Sa dernière création "Tout va Bien", pièce pour huit interprètes, a été présentée au festival Montpellier Danse les 21 et 22 juin 2010. Il a réalisé un film vidéo "Des faits et gestes" défaits pour la Villa Gillet à Lyon en décembre 2001. Il a également réalisé un film avec et autour de Anna Halprin à San Francisco, "My lunch with Anna" (2004).
L'association pi:es est fondée en 1998. Depuis sa création, ce sont 14 productions (créations chorégraphiques, films, installations videos) qui tournent de part le monde: Centre Pompidou-Paris, Montpellier Danse, Les Subistances-Lyon, Arsenic-Lausanne, Fondation Serralves-Porto BIT-Bergen, Festival d'Athènes, Festival Panorama-Rio de Janeiro, DTW-New York...
Il est co-commissaire de l'exposition « Campy, vampy, tacky » à La Criée-Rennes en 2002. Artiste professeur invité au Fresnoy pour la saison 2004/2005, il présente l'exposition « Umstellung/Umwandlung » à Tanzquartier-Vienne en 2005. En 2013 à Nîmes, il conçoit « Histoires Parallèles: Pays Mêlés », un projet original mêlant commissariat d'exposition, programmation spectacle vivant et conférences autour des questions de territoire et de représentation.
Alain Buffard était artiste associé au Théâtre de Nîmes pour les saisons 2010-2011 et 2011-2012. L'association pi:es est conventionnée par la DRAC Languedoc-Roussillon et la Région Languedoc-Roussillon.
Source : Site d'Alain Buffard
Yadan, Rémy
Rémy Yadan est artiste plasticien vidéaste, performeur et metteur en scène, diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Art de Cergy.
Il vit et travaille à Paris et dans le Finistère. Il enseigne à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Besançon. Ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome - Villa Médicis et ancien résident de la Cité Internationale des Arts à Paris, il devient Lauréat 2018/2019 des Résidences Sur Mesure de l’Institut français pour l’Iran. À son retour, Il réalise Ce qu’il reste de la nuit, un opéra performé programmé au théâtre de Vanves en novembre dernier.
Source : http://www.remyyadan.fr
(Not) a Love Song
Direction artistique / Conception : Alain Buffard
Interprétation : Miguel Gutierrez, Vera Mantero, Vincent Ségal, Claudia Triozzi
Scénographie : Alain Buffard
Musique originale : Vincent Ségal
Lumières : Yves Godin - Régie lumière Thalie Lurault
Costumes : Miguel Gutierrez est habillé par Yohji Yamamoto et Casey Vidalenc, Vera Mantero par Chanel, Claudia Triozzi par Christian Lacroix, Vincent Ségal porte une veste Casey Vidalenc.
Décors : Réalisation des fauteuils Claire Vaysse
Direction technique : Christophe Poux
Son : Régie son Félix Perdreau
Production / Coproduction de l'œuvre chorégraphique : Création le 23 juin 2007, festival Montpellier Danse
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