Entrée d'Apollon
Dans L'Entrée d'Apollon, Louis XIV manifeste avant tout son état de roi. Au centre de l'action, il organise l'espace autour de lui, se donne à voir de manière frontale à ses sujets et confère ainsi à la danse, art du divertissement, sa majesté royale.
Le Lac des cygnes – Marius Petipa
S'il est vrai que le ballet romantique réintroduit les passions au cœur de son argument, la technique qu'il met en œuvre ne fait que pousser les règles d'un art pensé par les maîtres à danser du Roi Soleil.
Louis XIV écrivait à l'époque que l'art de la danse devait être reconnu comme « l'un des plus honnêtes et des plus nécessaires à former le corps et à lui donner les premières et les plus naturelles dispositions à toutes sortes d'exercices et, entre autres, à ceux des armes ». Deux-cents ans plus tard, le corps de ballet est plus structuré que jamais et relève bien de l'académisme au sens où il réfère à une doctrine ou à un enseignement sanctuarisés… militaires ? N’allons peut-être pas jusqu’à l’affirmer.
Agon - Georges Balanchine
Agon, est sans conteste le prototype du ballet réinventé, télescopage entre les corps ancrés dans la modernité des comédies musicales américaine et la technique académique. Georges Balanchine donne à voir des corps qui disent l'identité américaine. Angularité des postures, chevilles et poignets cassés, distorsion des axes, rien ne semble impossible à ces athlètes inscrits dans la vitesse.
C'est une histoire abstraite qui se passe de la narration dont l'Europe a si longtemps été friande. Pour autant, Balanchine ne met pas à mal tout l'édifice académique dans son travail.
One flat thing reproduced - William Forsythe
William Forsythe créé One flat thing reproduced et questionne la verticalité Dans cette chorégraphie, vingt tables couvrent la scène ; elles deviennent l'horizon des danseurs, « horizon » au sens propre du terme puisque c'est bien l'horizontal qui barre la route à la verticalité des corps en mouvement. L'espace dans son ensemble est exploré tant par les interprètes que par les spectateurs, sans hiérarchie aucune. Tel notre monde, il est dépourvu de centre et devient une toile de mouvements enchaînés, connectés les uns aux autres.
Amelia - Edouard Lock
Edouard Lock ne renie pas les pointes, bien au contraire. Chez lui, on a le sentiment que les interprètes sont comme des poupées mécaniques remontées, tendues à n'en plus pouvoir. Quand la partie haute du corps lâche, c'est comme si l'histoire du maintien, de la maîtrise, volait en éclat, cette histoire constitutive du ballet explicitement poussé à bout, chez Lock on peut en être certain. Au-delà de cette frontière, c'est l'affolement qui s'empare des corps. Comment pourrait-on encore pousser l'expérience plus avant ?