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Danse dehors

Maison de la danse 2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien

Chorégraphe(s) : Halprin, Anna (United States) Brown, Trisha (United States) De Mey, Thierry (Belgium) Castellucci, Romeo (Italy) Desprairies, Julie (France) Foofwa d'Imobilité (Switzerland) Dubois, Kitsou (France)

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01:12

Ways to Strength and Beauty

Ways to Strength and Beauty (Ways to Strength and Beauty)

04:02

Dancing my cancer [Out of boundaries]

Halprin, Anna (United States)

02:53

Roof and Fire Piece

Brown, Trisha (United States)

Numeridanse 1973 - Réalisateur-rice : Mangolte, Babette

Chorégraphe(s) : Brown, Trisha (United States)

Découvrir l'œuvre dans la vidéothèque
04:36

Prélude à la mer

De Keersmaeker, Anne Teresa (Belgium)

09:32

Inferno

Castellucci, Romeo (France)

02:58

Là commence le ciel

Desprairies, Julie (France)

01:34:11

KiloBâtie : Vivallure

Foofwa d'Imobilité (Switzerland)

Maison de la danse 2010 - Réalisateur-rice : Dupoy, Pascal

Chorégraphe(s) : Foofwa d'Imobilité (Switzerland)

Producteur vidéo : Foofwa d'Imobilité

Vidéo intégrale disponible à la Maison de la danse de Lyon

Découvrir l'œuvre dans la vidéothèque
02:59

Trajectoire fluide

Dubois, Kitsou (France)

Danse dehors

Maison de la danse 2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien

Chorégraphe(s) : Halprin, Anna (United States) Brown, Trisha (United States) De Mey, Thierry (Belgium) Castellucci, Romeo (Italy) Desprairies, Julie (France) Foofwa d'Imobilité (Switzerland) Dubois, Kitsou (France)

Auteur : Julie Charrier

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Comment la danse est-elle sortie de scène ? Comment la danse est-elle sortie des théâtres ?
Pour aller voir dehors, dans les halls de théâtres, dans les rues, les forêts, les musées…
Lorsque la danse sort, elle se joue de la frontalité du plateau, parfois même de l'horizontalité et de l'apesanteur. Son aspect spectaculaire et performatif est alors remis en question, déplacé ; ses codes d'écriture sont bousculés.

 À différentes périodes du XXème siècle, les mouvements alternatifs ont sorti la danse en dehors de la scène et du théâtre, pour redécouvrir le corps, revenir à une danse organique, rituelle dans la communauté du Monte Verità, personnelle et inspirée du quotidien pour les membres du Judson Dance Theater, urbaine et réactive à son environnement au tournant du XXIème siècle.

Description

1. La communauté du Monte Verità

Au début du XXème siècle, artistes et penseurs de tous bords se sont réunis pour chercher d'autres voies de création et de vie en réaction aux codes et aux conventions de la société bourgeoise d'alors.

 Imaginez, une communauté perchée dans les montagnes de la Suisse italienne où se retrouvent le psychanalyste Carl Gustav Jung, le peintre Paul Klee, les écrivains Hermann Hesse et James Joyce, les danseurs Rudolf Laban, Mary Wigman, Isadora Duncan, Suzanne Perrottet. Dans cette communauté faite de naturisme, de spiritualisme, de végétarisme et de beaucoup d'utopismes, les avancées de la psychanalyse ouvrent les portes de l'individuation, de l'inconscient, du soi dans lesquelles s'engouffrent les arts de la poésie, du théâtre et de la danse.

 Lassées des méthodes rythmiques dalcroziennes trop inféodées à l'ordre musical, Mary Wigman et Suzanne Perrottet se rapprochent de Rudolf Laban, invité dès 1912 dans la communauté pour créer « l'Ecole de l'art du mouvement ».

En réaction à la guerre et au vieil ordre social, Laban organise en 1917 une célébration intitulée « Hymne au soleil » qui dure toute la nuit et associe spectateurs et danseurs.
Cette « pièce chorale » renvoie aux rites païens grecs ou romains (Laban parle de « culture primitive ») et annonce les formes qui seront chères au chorégraphe celles des rondes, « danses en cycle » et « danses chorales ».

 Si Isadora Duncan n'y a fait que quelques séjours, c'est au Monte Verità que Mary Wigman a créé ses « Danses extatiques » et son fameux solo « Danse de la sorcière » ; c'est au sein de la communauté qu'elle a développé son travail d'improvisation et s'est laissée portée par ce qu'elle a appelé « l'élan vital ».


2. Anna Halprin

Depuis ses débuts dans les années 1940, Anna Halprin, est en quête d'une danse qui lui correspondrait personnellement, dont les mouvements seraient les messagers les plus fidèles de sa pensée, l'écho de sa personnalité. Elle cherche à revenir à l'essence du mouvement, celui d'avant la danse spectaculaire et codifiée produite dans les théâtres.
Sa danse permet de réagir face au monde des hommes, des idées, de la politique, de la ville et aussi face au monde de la nature, de la forêt, des plages et des parcs. La communauté des hommes, la beauté de la nature deviennent alors les écrins inspirateurs de ses performances.

 Elle part des mouvements du quotidien qu'elle appelle les « tasks » et les décline dans des scénarios d'improvisation qu'elle propose à ses groupes de travail.
Sa confiance dans le pouvoir du corps, qu'elle a expérimentée personnellement lorsqu'elle a dû lutter contre son cancer de l'utérus, l'amène à développer une approche curative qu'elle nomme la « Healing dance » et qu'elle propose dans des ateliers donnés à des malades atteints du sida, du cancer.

 En Californie du nord, avec son mari architecte, elle a créé une maison en bois avec un plateau de danse donnant sur la nature ; dans les séquoias du parc, elle a accroché de gigantesques filets.

 La danse qu'elle développe au gré de ses ateliers, rencontres et réflexions, habite ces lieux et s'étend même jusqu'aux plages du Pacifique et aux cascades alentours.


3. Trisha Brown

Au début des années 60, le post-modernisme, mouvement new-yorkais issu du Judson Dance Theater, pose la question de la scène et du rapport à la représentation, au spectaculaire.

Trisha Brown, l'une de ses initiatrices, fait descendre la danse dans les rues, dans les parcs, sur les façades et sur les toits de New York.

Les ateliers qu'elle donne dans des lieux alternatifs développent l'art de l'improvisation et décortiquent le processus de création. Elle cherche même à mettre en place des techniques pour mémoriser les improvisations ! Ces ateliers permettent de réunir de la matière chorégraphique qui nourrit ensuite les improvisations et performances qu'elle propose in situ, la « création instantanée ».

Dans sa pièce, Roof and fire piece, les danseurs étaient placés sur différents toits d'immeubles et le public partout autour, sur les toits également mais aussi sur les trottoirs, depuis les fenêtres avoisinantes. Trisha Brown propose non seulement une danse nouvelle mais aussi un statut de spectateur différent. Ce dispositif permet d'offrir au spectateur une grande variété de points de vue sur la performance, et aux danseurs, une grande variété d'axes pour s'exprimer.


4. Thierry De Mey 

« Pour libérer la danse de sa prégnance scénique, il fallait la provoquer, la mettre dehors, la confronter à l'extérieur ». - Thierry De Mey

Avec le développement de la vidéo dans les années 80, chorégraphes et cinéastes se jouent de l'espace, du temps, des axes et des points de vue en proposant des chorégraphies faites pour l'image appelées « vidéo danses ».

 La danse existe au-delà de la scène, au-delà de l'instant, au-delà des yeux du public qui est alors convoqué en décalé.

 Thierry De Mey, compositeur et cinéaste, et Anne Teresa De Keersmaeker, chorégraphe, forment un duo exemplaire depuis cette époque. Ils inscrivent la danse d'Anne Teresa De Keersmaeker dans des lieux toujours étonnants, naturels ou urbains. La danse, pourtant très écrite, se laisse inspirer par la beauté de la nature ou de l'architecture environnantes. La composition chorégraphique est retravaillée pour la caméra. Elle est alors révélée différemment selon les axes et valeurs de plans choisis au moment du tournage et selon les rythmes et techniques de montage.

 Thierry De Mey, qui a aussi travaillé avec Michèle Anne De Mey et Wim Vandekeybus, associe à son savoir-faire technique une immense et toujours discrète poésie de l'impulsion, du minimal, de l'infra, du cellulaire.

 Il nous embarque ainsi dans un monde fait de mouvements purs, de résonances organiques, d'images fractales où se mêlent formalisme extrême, haute technologie et poésie à fleur de peau.


5. Antoine Le Menestrel

Grimpeur émérite, danseur à la fin des années 80 dans les compagnies Roc in Lichen et Retouramont, Antoine Le Ménestrel a fait partie de cette petite bande (Laura de Nercy, Bruno Dizien, Fabrice Guillot, etc.) qui a non seulement fait sortir la danse de sa frontalité mais également de son horizontalité. La danse-escalade, danse verticale explore les façades des immeubles, les gorges du Verdon, mettant en scène des danseurs mais également des décors et des projections vidéo.

 Antoine Le Menestrel continue de s'attaquer à l'ascension de façades improbables, avec à la fois une grâce et une reptation venues d'un autre monde. Danseur de façade, de murs et de murailles, il a récemment gravi l'extraordinaire façade de la Cour d'honneur du Palais des Papes à Avignon. Dans « Inferno » de Romeo Castellucci puis dans « Cour d'honneur » de Jérôme Bel.


6. Julie Desprairies

« Danse et architecture,

Corps et bâtiment,

La danse comme écho de corps aux lignes du bâti. »


Depuis une quinzaine d'années, Julie Desprairies développe son travail d' « environnement chorégraphique » en investissant des lieux architecturaux.
Ses spectacles sont toujours déterminés par un bâtiment qui provoque des actions, des mouvements, des gestes chez les danseurs et les amateurs dont elle s'entoure.
Les projets sont au long cours, plusieurs mois d'imprégnation, plusieurs dizaines d'intervenants pour comprendre le contexte physique, les intentions conceptuelles et proposer finalement une déambulation chorégraphique, un rituel artistique, sorte de célébration du lieu.

 Elle révèle aux habitants des lieux leur propre danse, la carcasse devient structure, l'architecture des corps se moule à celle du lieu.

 Cet extrait de « Là commence le ciel », fait écho à « Roof and fire piece » de Trisha Brown. Julie Desprairies a remis en scène les gestes-signaux en plaçant à 500 mètres de distance la danseuse située sur le perron et les danseurs situés sur les tours. Ces gestes sont extraits d'une danse exhumée des archives municipales et écrite par une institutrice pour ses élèves lors des Fêtes de la jeunesse villeurbanaises en 1966.
Julie Desprairies traduit par la danse la mise en scène de l'architecture de ce quartier de Villeurbanne construit en 1934 et appelé “Les Gratte-ciel”. Le caractère majestueux des tours et de l'avenue est souligné par la seule présence du corps des danseurs.
Comme le dit la chorégraphe : “Faire danser ensemble des personnes placées à 500 m de distance, c'est spectaculaire, mais sans autre procédé que la relation des corps portés par la ville, c'est la magie de la danse ! »


7. Foofwa d'Immobilité

Né Frédéric Gafner, il se définit lui-même comme « danseur, chorégraphe et chercheur en pratique et théorie de la danse ».

 Danseur classique puis cunninghamien, il est depuis l'an 2000 performeur tous azimuts tant dans ses collaborations que dans ses champs d'investigation. On pourrait aussi ajouter inventeur fou, défenseur infatigable de la danse et de son histoire, touche-à-tout scénique et multimédia.

Il crée des performances débridées où se mêlent pratique et théorie : une histoire de la danse à sa façon « Histoires condansées », un hommage aux grands disparus des mois de juin/juillet 2009 « Pina Jackson in Mercemoriam », des cours et ateliers chorégraphiques en ligne entre Genève et New York « Télépédagogia ».

 Dans « Kilometrix.dancerun.4 » qui s'inscrit dans ses recherches autour du sport et de la danse, il crée le concept des courses dansées ou danses courues, les « danceruns », qu'il propose à travers les villes qu'il sillone : Paris, Lyon, Zurich, Le Caire, Bologne.
Sorte de fou du roi de marathon artistique, il invite les urbains, citoyens à le suivre par tous modes de transports sur 5 à 15 kilomètres. Il embarque également un vidéaste sur patins à roulettes qui, à l'issue de la course, projette la vidéo et crée le débat.


8. Kitsou Dubois

Installations, mises en scène, mises en piste, créations in situ, conférences…
Danse et arts, arts et sciences, danse et cirque, son parcours et ses créations sont multiformes mais sa quête est unique : la gravité.

 Depuis de nombreuses années, en étroite collaboration avec le CNES (Centre National d'Études Spatiales), l'ASE (Agence Spatiale Européenne), elle expérimente la micro-gravité et l'apesanteur au cours de vols paraboliques avec son équipe de danseurs et de circassiens.
Kitsou Dubois, explore le corps augmenté, dilaté, qui déplace ses limites et vit l'altération du poids. Elle immerge les interprètes dans des milieux où la gravité est altérée.
Leurs mouvements viennent perturber nos repères : le haut/le bas, la verticale/l'horizontal, le poids/l'absence de poids, pour influer sur la perception que l'on a de notre espace interne, et par là même, de notre environnement.
Dans « Trajectoire fluide », elle associe la projection de vidéos où les danseurs évoluent sous l'eau, un trampoline, des élastiques, des chaises permettant aux danseurs circassiens de se soustraire aux lois de l'apesanteur et de l'équilibre…le temps d'une danse.

  

Approfondir

Ouvrages

CAUX, Jacqueline. Anna Halprin, à l'origine de la performance. Paris : Éditions du Panama ; Lyon : Musée d’Art contemporain, 2006.

HALPRIN, Anna. Mouvements de vie. Bruxelles : Éditions Contredanse, 2009. 345 p. 


LE MOAL, Philippe (dir.). Dictionnaire de la danse. Paris : Larousse, 1999. 864 p. (Grands dictionnaires culturels).

SINA, Adrien. Feminine futures : Valentine de Saint-Point – Performances, Danse, Guerre, Politique et érotisme. Paris : Les Presses du Réel, 2011. Pages 340-351.

SUQUET, Annie. L'Eveil des modernités. Pantin : Centre National de la danse, 2012. 959 p. (Histoires). 


Articles et revues

Centre des Écritures Contemporaines et Numériques. « Cahier spécial Thierry De Mey » [en ligne], in Mouvement, n°59, avril - juin 2011, Paris, Editions du Mouvement, 2011, 50 p. Disponible sur : http://mouvement.net/pdf/tap/CECN_Thierry_de_Mey_janv2011.pdf

FROMONOT, Françoise (dir.). « Jouir d’habiter pour une propriété sociale du logement » [en ligne], in Criticat / revue bisanuelle, n°4, Paris, Association Criticat, 2009, p. 98.
 Disponible sur : https://issuu.com/criticat/docs/criticat04

DVD

COLOMER, Henri. La Montagne de la vérité [DVD]. AMIP Production, 1996, 52 min. 


JAVER, Carl. Monte Verità, le rêve d'une autre vie [DVD]. Vida Bomben Film AB, 2013, 1h24min.

Sites internet de compagnies de danse

Compagnie des Prairies [en ligne]. Disponible sur : http://www.compagniedesprairies.com

Lézards bleus [en ligne]. Disponible sur : http://www.lezardsbleus.com

Neopost Foofwa [en ligne]. Disponible sur : http://www.foofwa.com

Trisha Brown Dance Company [en ligne]. Disponible sur : http://www.trishabrowncompany.org/

Kitsou Dubois [en ligne]. Disponible sur : http://www.kitsoudubois.com

Auteur

Après des années en danse-études, au Conservatoire d’Avignon, puis au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers, Julie Charrier s’oriente vers la production de films documentaires et de captations de spectacles vivants principalement centrés autour de la danse contemporaine pour de nombreuses sociétés de production. Comme conseillère, puis éditorialiste, elle participe à la naissance et au développement de Numeridanse.tv. Elle coordonne pour l’ACCN et le Ministère de la Culture, délégation à la danse, la numérisation du patrimoine chorégraphique français. Elle assure la direction artistique et la production de la collection à 360 "Histoires d'espaces" qui interroge les nouvelles pistes que la réalité virtuelle offre au spectacle vivant.

Générique

Sélection des extraits 

Julie Charrier-Duret

Textes et sélection de la bibliographie

Julie Charrier-Duret

Production

Maison de la Danse


Le Parcours « Danses dehors » a pu voir le jour grâce au soutien du Secrétariat général du Ministère de la Culture et de la Communication - Service de la Coordination des politiques Culturelles et de l'Innovation (SCPCI) 

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