Jean-Pierre Perreault - Nuit
Le thème du groupe comme microsociété est un leitmotiv chez Jean-Pierre Perreault. Dans Nuit on retrouve des êtres, souvent anonymes mais attachants, qui gagnent leur liberté au prix d’une rupture avec le groupe. Duos, solos et ensembles alternent, formant une mosaïque des multiples aspirations individuelles au sein d’une collectivité. Le temps est collectif, rythmé par la simplicité des pas.
Harold Rhéaume - Fluide
Les années 2000 sont celles de la « modernité liquide » selon le sociologue Zygmunt Bauman, pour qui les connexions en réseaux ont remplacé la notion trop stable de structure. Cette fluidité, qui permet autant la connexion que la déconnexion, est explorée dans la chorégraphie de Harold Rhéaume. La métaphore sociale recentre le propos sur l’individu. Ce n’est pas tant la place de l’individu au sein de la collectivité qui est mise en scène mais plutôt la société construite comme un réseau flexible et mobile entre individus.
Mario Boucher - Rapaillé
L’Homme rapaillé de Gaston Miron, par sa façon très personnelle d’entrelacer le destin individuel et le destin collectif est considéré comme l’un des livres québécois les plus importants du XXe siècle. La danse, tout comme la langue, repose sur l’oralité pour rester vivante. En giguant sur les vers de Miron, le collectif de folklore urbain Zogma met littéralement en mouvement la question identitaire. En s’incarnant dans des rythmes et des corps, les textes acquièrent une sensualité nouvelle. En incorporant les rythmes de la langue la danse devient mémoire vive et déploie son éventail de signifiés.
Frédérick Gravel - Gravel Works
Une série de petites scènes chorégraphiques assemblées en une courtepointe. On pourrait penser aussi à des photos prises avec une caméra polaroid. Des instantanés, pas nécessairement raffinés mais témoignant de tranches de vie qu’on regrouperait pour faire un album souvenir de nos identités multiples. Une esthétique « trash » mais sans lourdeur. Une communauté désinvolte et postmoderne.
Zab Maboungou - Mozongi
Cette pièce de groupe puissante et enracinée utilise la technique du loketo qui permet le voyage du souffle dans le corps afin de générer un engagement rythmique et postural dans le mouvement à travers le ressort du poids. C’est ce rapport au poids assumé et partagé qui fonde l’expression de Mozongi. On y retrouve le groupe vécu comme un réseau de racines individuelles. Sur scène, des danseurs de différentes origines, réunis par le souffle des tambours, s’emparent du sol pour y ancrer une communion entre les hommes et le territoire.
Sylvain Émard - Grand continental
Pour Sylvain Émard, le Grand continental est un moyen de se rapprocher de l’essentiel, de retrouver le sens de la collectivité en décloisonnant la danse savante et la danse populaire. En faisant participer des non-professionnels à ces rassemblements chorégraphiques festifs, la frontière entre public et participants s’estompe; la danse redevient lieu de convivialité, identité partagée, territoire commun. Les deux mois de répétitions préalables créent dans le groupe un fort sentiment d’appartenance.