Black and Tan - Françoise Sullivan
Lors de la création de Black and Tan, Françoise Sullivan s’est laissée porter par la musique de Duke Ellington et s’est mise à l’écoute des mouvements qui surgissaient. La danseuse s’abandonne aux sensations corporelles qui s’invitent au passage, que ce soit par un roulement des yeux ou des orteils. Le costume, partenaire automatiste, donne à la danse un aspect intemporel et chamanique.
Violence - Paul-André Fortier
Violence, chorégraphiée par Paul-André Fortier fait partie d’un lot d’œuvres coup- de-poing qui ont vu le jour dans les années 80. Elle illustre bien l’influence de la danse-théâtre sur la danse québécoise. Pour s’affranchir du formalisme qui caractérisait la danse moderne montréalaise, le chorégraphe joue ici dans un registre émotif trouble qui met en jeu les tensions sexuelles et relationnelles d’un couple névrosé. La répétition de séquences de mouvements jusqu’à saturation, le détachement émotionnel des protagonistes sur fond de musique d’ambiance anodine provoquent la distanciation nécessaire à la dureté du propos et rappelle le travail de Pina Bausch.
Un peu de tendresse borde de merde! - Dave St-Pierre
On peut voir dans cet extrait de Un peu de tendresse bordel de merde! le thème du couple revisité. Dave St-Pierre crée dans l’urgence. Celle de vivre et celle de dire. Son carpe diem s’exprime dans une danse viscérale, physique et crue. Cette fois, l’indifférence et le détachement ne sont pas évoqués par la légèreté de la musique ambiante mais par la présence silencieuse et impassible d’une rangée de danseurs assis à l’arrière- scène. Ce même regard froid et lucide du chorégraphe s’exprime dans ces corps lourds et sans pudeur captifs d’un inlassable cycle de chutes.
Duo 1 - Édouard Lock
Édouard Lock et sa muse Louise Lecavalier ont galvanisé les foules avec une gestuelle où risque et vélocité nous tiennent dans un état de qui-vive. Chorégraphié au quart de tour, Duo 1, met en scène un couple improbable. Ici, la chorégraphie subvertit les codes du costume du genre et du pas-de-deux classique. La ballerine en tutu déploie une force surprenante lorsqu’elle soulève son partenaire et ses pirouettes horizontales semblent être attirées vers le sol écorchant au passage l’utopie de l’envol. On se surprend à se demander quelle fragilité se cache derrière toute cette force ?
Cartes Postales de chimère - Louise Bédard
Une femme voyage et sa danse en trace le récit dans l’espace et le temps. La gestuelle foisonnante de Louise Bédard semble une langue étrangère dont on ne comprend pas les mots mais dont on perçoit intuitivement le sens et les inflexions émotives. Interprétée par la chorégraphe, qui module avec aisance ce langage idiosyncratique, Cartes postales de chimère rappelle la liberté de la danse automatiste et ses racines féminines.
Je suis un autre - Catherine Gaudet
Le couple mi humain mi animal que met en scène Catherine Gaudet dans Je suis un autre déjoue les attentes. Oscillant entre conflit et étreinte ce couple androgyne évolue par saccades. Le mouvement est implosif, le tonus élevé et l’énergie contenue. Même dans l’enlacement, les formes humaines prennent des allures végétales.
Snakeskin - Benoit Lachambre
L’écoute des sensations se trouve au cœur du travail créatif de Benoit Lachambre qui, par un fin travail sur la perception, tente de décloisonner l’imaginaire et de libérer le corps de ses à-priori. La mue dans Snakesksin, au-delà du principe de transformation, sous-entend la coexistence de plusieurs corps, la coprésence d’une multiplicité d’états provoqués par différentes relations à l’espace et à la musique interprétée en direct. En modulant son rapport à la gravité par des jeux de suspension ou de résilience en interaction avec un réseau de fils horizontaux, Lachambre nous plonge dans une expérience somatique multi-sensorielle.