La performance détourne le titre d’un célèbre solo de Tino Sehgal de  2000 dont elle respecte le principe : dresser un panorama synthétique  des pas de danse iconiques du siècle passé. Néanmoins, River Lin n’en  propose pas une simple adaptation à la culture chorégraphique de son  continent. En organisant ce déplacement entre les deux cultures, il met  surtout au jour la façon dont l’Occident a fortement influencé  l’élaboration du vocabulaire moderne en Asie et offre l’occasion d’une  relecture postcoloniale. Réalisée en collaboration avec le danseur  taïwanais Wen-Chung Lin, formé à la fois aux danses folkloriques  chinoises et au ballet classique, ou encore aux méthodes de Martha  Graham et de Bill T. Jones, la pièce fait de ce corps multiculturel la  pierre de touche d’un jeu d’influences, sinon de domination. En  performant ces archives, il s’agit alors de porter un regard critique  sur l’hégémonie du modèle occidental et d’amorcer une réflexion sur les  moyens de faire histoire au sein du monde globalisé.

Né en 1984, à Taïpei (Taïwan), River Lin vit et travaille à Paris. Son  travail artistique, au croisement de la performance, de l’installation live et  de la chorégraphie, se concentre sur les relations entre corps et  temporalité.
Il a notamment été présenté dans des festivals et des  expositions internationales (Taipei Biennal, Rockbund Art Museum in  Shanghai, Manifesta Biennal de Zurick, Asia Now à Paris, Liveworks  Festival in Sydney...). Il est également commissaire d’exposition  international (Chine, Taïwan, Japon...).

Depuis 2001, le Centre national de la danse (CND) réalise des captations de ses programmations de spectacle et de pédagogie et crée des ressources à partir de ces représentations filmées (interviews, conférences dansées, rencontres avec des artistes, démonstrations, grandes leçons, colloques spécialisés, montages thématiques, etc.).