Génération - Madhavi Mudgal
Dans les danses sacrées, comme par exemple l’Odissi qui est un des styles classiques de l’Inde, le rituel de salutation sert à marquer le passage entre le temps du quotidien et celui de la danse, entre le profane et le sacré. La danseuse l’accomplit avant et après chaque cours, chaque répétition ou chaque représentation. Il favorise la disponibilité mentale et corporelle de l’interprète.
Desa Kela Patra - Sebatu Bali
Sur l’île de Bali, la plupart des danses racontent des épisodes tirés du Ramayana, l’un des grands textes sacrés hindous. Et pour représenter dieux et déesses, rois et autres figures mythologiques, les interprètes respectent un ensemble de codes relatifs à la disposition de l’espace et de l’orchestre.
Ces rituels qui structurent certaines danses à Bali ou en Inde répondent à une fonction : organiser le réel de manière à le rendre intelligible. L’étymologie du mot « rituel » renvoie d’ailleurs à la notion d’ordre. Les rites servent donc à ordonner le désordre, à donner du sens à l’accidentel et à l’incompréhensible de la vie.
Ebhofolo - Vincent Mantsoe
Les rituels peuvent aussi faire l’objet de créations ou de réappropriations. L’écriture chorégraphique du Sud africain Vincent Mantsoe s’inspire d’éléments tirés de rituels de guérison auquel il fut initié, mais également de mouvements de danses Zoulous, Xhosa, de Taï Chi et de techniques modernes occidentales.
Eye of the Heaven et Chum, Ku Shinmyung - Kim Maeja
Kim Maeja mène une démarche similaire à celle de Vincent Mantsoe. Elle tire son vocabulaire gestuel des cérémonies bouddhiques, des danses folkloriques et chamaniques de Corée.
Des Gnawas dans le bocage – Pierre Guichenet
En mettant de l’ordre dans le chaos, le rituel entend agir sur le réel. Certaines cérémonies visent à établir un dialogue avec les esprits, les divinités et l’au-delà et nécessitent alors des rituels de préparation qui permettent de modifier l’état de conscience. On parle de transes et de danses de possession.
Dans cet extrait du documentaire de l’ethnologue Jean Rouch, c’est une transe de la confrérie religieuse marocaine des Gnawas qui est filmée. Les célébrants entraînés par le rythme répétitif, entament une ronde jusqu’à être « chevauchés » par l’esprit dont ils seront l’incarnation. La transe est précédée d’éléments rituels préliminaires : une procession musicale, des danses des musiciens, la consécration de l’espace, l’offrande de nourriture.
Hibiki et Kagemi - Sankaï Juku et Hymne aux fleurs qui passent - Legend Lin Dance Theater
Les états de corps dans lesquels se meuvent les danseurs japonais de Sankaï Juku et taïwanais du Legend Lin Dance Theater résultent d’un profond travail sur la conscience corporelle, le souffle, le relâché, la relation à la gravité. Les interprètes ont alors besoin d’un long moment de préparation avant d’entrer en scène. Lors de ce rituel, ils méditent et s’enduisent le corps d’un onguent blanc qui marque aussi cette transformation de l’être.
b.c. janvier 1545, fontainebleau - Christian Rizzo
En utilisant des objets ou des éléments à caractère symbolique, certains chorégraphes contemporains donnent également à leur spectacle l’allure de cérémonie rituelle. Dans b.c. janvier 1545, fontainebleau de Christian Rizzo, les nombreuses bougies disposées sur la console noire évoquent un luminaire d’église.
Birds with Skymirrors - Lemi Ponifacio
Tout comme chez Christian Rizzo, la scénographie et les jeux de lumière contribuent également à déployer une atmosphère de religiosité dans Birds with Skymirrors de Lemi Ponifacio. C’est aussi le recours à une gestuelle lente, grave, empreinte de solennité qui mue le danseur en officiant.
Swan Lake, mort du cygne - Raimund Hoghe
Enfin, la dramaturgie même du spectacle et l’organisation scénique reproduisent des schémas propres aux rituels. Raimund Hoghe débute ses spectacles par une marche circulaire, qu’il effectue lui-même. Par ce geste inaugural, il consacre l’espace de la danse et signifie que là, quelque chose de fort va se produire devant les spectateurs.
Le sacre du printemps - Heddy Maalem
Cette œuvre met l’artiste face à un questionnement existentiel : la place de l’être humain au sein de l’univers et au sein de la communauté sociale. Le Sacre est ainsi devenu, en tant que tel, un rite de passage par lequel un chorégraphe atteste de sa maturité.
La version proposée par le chorégraphe Heddy Maalem fut qualifiée de « Sacre africain », notamment du fait de l’origine ouest africaine des quatorze interprètes. Marqué par le chaos urbain de la capitale nigériane, où il a séjourné, le chorégraphe s’appuie sur la musique de Stravinski pour révéler la violence du monde et l’enchâssement de la vie et de la mort. On retrouve également la thématique de l’accouplement. Hommes et femmes se croisent et se prennent avec ardeur.
Le sacre du printemps - Maryse Delente
Dans son Sacre, Maryse Delente raconte l’éveil féminin à la sexualité, l’irruption d’un désir inconnu, à la fois exaltant et effrayant pour ces jeunes femmes qui oscillent entre innocence et perversité.