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Collaborations artistiques

02:36

The Spectator's moment (2012): Bouvier et Obadia

Bouvier, Joëlle (France)

56:45

La danse, l'art de la rencontre

Hervieu, Dominique (France)

05:24

Une Douce Imprudence

Thieû Niang, Thierry (France)

04:17

Si c'est un nègre / autoportrait

Linyekula, Faustin (France)

CN D - Centre national de la danse 2004 - Réalisateur-rice : Centre national de la danse, Réalisation

Chorégraphe(s) : Linyekula, Faustin (The Democratic Republic of the Congo)

Producteur vidéo : Centre national de la danse

Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin

Découvrir l'œuvre dans la vidéothèque
06:01

2008 vallée

Monnier, Mathilde (France)

01:07:55
29:52

À propos de Dominique Bagouet : Christian Boltanski

Bagouet, Dominique (France)

16:09

Le Défilé

Chopinot, Régine (France)

CN D - Centre national de la danse 1985 - Réalisateur-rice : Ranz, Didier

Chorégraphe(s) : Chopinot, Régine (France)

Producteur vidéo : Compagnie Chopinot ; Centre audiovisuel de Paris

Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin

Découvrir l'œuvre dans la vidéothèque
05:33

Mother Goose

Mother Goose (Belgium)

Collaborations artistiques

2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien

Chorégraphe(s) : Bouvier, Joëlle (France) Obadia, Régis (France) Montalvo, José (France) Hervieu, Dominique (France) Lamoureux, Éric (France) Linyekula, Faustin (The Democratic Republic of the Congo) Collaborations artistiques FR Monnier, Mathilde (France) Montet, Bernardo (France) Bagouet, Dominique (France) Chopinot, Régine (France) De Mey, Thierry (Belgium)

Auteur : Centre national de la Danse

en fr

Découvrir

Les collaborations entre des artistes issus de différentes disciplines ne sont spécifiques ni à la danse contemporaine, ni même à la danse. En Occident, dès la civilisation grecque, le spectacle vivant réunit la musique, le chant, la danse et le théâtre. Même lorsque la danse se constitue comme art autonome, elle est généralement pluridisciplinaire et rassemble différents artistes.

En danse contemporaine, les collaborations entre artistes se développent également et leurs modalités se multiplient ; elles vont de la longue concertation pendant la conception de l’œuvre, comme le font Anne-Teresa de Keersmaeker et le compositeur Thierry de Mey, à l’indépendance totale de chaque artiste, comme c’est le cas avec Merce Cunningham, le compositeur John Cage et le plasticien Robert Rauschenberg, en passant par la contribution croisée d’un chorégraphe avec un plasticien ou un créateur de mode assurant l’invention d’un décor ou le stylisme des costumes.

Parfois, le chorégraphe aborde le champ de la danse en ayant travaillé auparavant dans un autre domaine artistique. Ou encore, certains créateurs conçoivent la chorégraphie en même temps qu’une autre proposition artistique, par exemple José Montalvo qui réalise les films projetés pendant ses pièces. Enfin, les artistes avec lesquels les chorégraphes collaborent peuvent également être mis en scène et devenir ainsi des performeurs.

Mais, si c’est parfois entre deux chorégraphes que se situe la collaboration artistique, les deux signant une même œuvre, c’est aussi et avant tout dans la relation entre le chorégraphe et son ou ses interprète(s).

Ce Parcours propose différents exemples de participation croisée à un même processus de création et de dialogue entre les disciplines, depuis les « couples » de chorégraphes jusqu’aux créations impliquant des musiciens ou des plasticiens, en passant par quelques rencontres atypiques sur scène.

Description

1. Relations chorégraphes – interprètes

Joëlle Bouvier et Régis Obadia – La minute du spectateur

Certains artistes créent en tandem, et pendant une longue période. Ces collaborations modifient profondément leur façon de travailler puisque les échanges entre eux sont déterminants dans le processus créatif. Créer à deux, c’est se déprendre de la responsabilité solitaire du chorégraphe et placer la question de la collaboration au cœur de la composition chorégraphique. Souvent, chacun des deux artistes qui œuvrent ensemble assume la fonction de chorégraphe, même si leurs parcours ne relèvent pas toujours du seul milieu de la danse.

Françoise et Dominique Dupuy, Norbert et Nicole Corsino, Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, ou encore Seydou Boro et Salia Sanou, ont de la sorte privilégié une création à double auteur. Pendant plus de quinze ans, Joëlle Bouvier et Régis Obadia ont, eux aussi, conçu leurs spectacles ensemble. À la différence d’autres binômes de chorégraphes, leurs créations ont prioritairement exploré la notion de couple, dans un fort investissement sur le duo et sur la passion amoureuse. Par ailleurs, Joëlle Bouvier et Régis Obadia ont souvent été interprètes de leurs pièces ; l’écriture chorégraphique, qu’ils avaient élaborée à deux, entrait alors en résonance avec le duo qu’ils présentaient sur le plateau.

La danse, l’art de la rencontre - José Montalvo et Dominique Hervieu

Les chorégraphes Dominique Hervieu et José Montalvo se rencontrent en 1981, fondent leur compagnie en 1988 et créent ensemble de nombreux spectacles jusqu’en 2011. Dans leurs pièces, ils associent la danse au film et travaillent avec des danseurs issus de différentes techniques (classique, hip hop, contemporaine, africaine, par exemple). Les deux artistes favorisent aussi les collaborations avec d’autres chorégraphes travaillant dans d’autres pays. Dans le court-métrage La danse, l’art de la rencontre qu’elle a réalisé avec José Montalvo, Dominique Hervieu propose à des artistes maliens, cambodgiens et tunisiens de créer un duo dans un lieu emblématique de leur ville. « Notre oeuvre exalte un monde métis, la multi-appartenance, les identités plurielles » observe Dominique Hervieu dans ce film dont les images témoignent de la rencontre entre plusieurs formes de danse dans des contextes très disparates.

Une douce imprudence - Eric Lamoureux et Thierry Thieû Niang

Eric Lamoureux et Thierry Thieû Niang sont danseurs et chorégraphes. Généralement, le premier crée en tandem avec Héla Fattoumi et le second en solitaire. Pour Une douce imprudence, qu’ils qualifient de « poème chorégraphique », ils ont décidé de favoriser la mise en commun de leurs expériences en privilégiant une approche de la danse délicate où l’écoute de l’autre est le point d’appui de sa propre implication. Le partage du moment et le dialogue sensible sont les moteurs de ce duo complice.

La rencontre ponctuelle de deux chorégraphes à l’occasion d’une création n’est pas rare. Mathilde Monnier et Maria La Ribot, par exemple, ont créé Gustavia en étant « animées par de communes réflexions autour des questions du devenir de l’art et de la représentation en particulier ». Leur spectacle prend appui sur l’univers du burlesque classique. Une telle collaboration implique une stimulante relation de travail où chacun est simultanément dans un double statut d’auteur et d’interprète, ce qui n’est habituellement pas le cas.

Si c’est un nègre / autoportrait - Faustin Linyekula et Sylvain Prunenec

« Qu'est-ce qui se joue entre l'interprète et l'auteur ? Depuis longtemps cette interrogation est au coeur des propositions de la SACD au Festival d'Avignon. »1 La manifestation « Le Vif du sujet » rassemble en effet un chorégraphe et un danseur qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble.

Dans Si c’est un nègre / autoportrait, Faustin Linyekula et Sylvain Prunenec se sont attachés à la notion de territoire. « J’ai rencontré Faustin Linyekula en allant voir son spectacle, Triptyque sans titre, juste quelques jours après qu’Héla Fattoumi m’ait proposé de participer au Vif du sujet. Son spectacle, sa danse m’ont plu. Je leur ai trouvé de la douceur mêlée à de l’entêtement et à de l’ironie. Son regard lucide sur sa position d’artiste africain vagabond a fait écho aux questions que je n’ai pas manqué de me poser lors de mes séjours en Afrique » raconte Sylvain Prunenec. Il précise l’enjeu de cette création ainsi : « Il nous importe que cette rencontre ne soit pas seulement celle d’un danseur français et d’un chorégraphe africain, mais plutôt celle de deux personnes aux parcours fort différents, qui partagent une même curiosité des autres, de l’autre, un même désir de mouvement, d’être en mouvement. »2

Cette collaboration entre interprètes et chorégraphes est une donnée initiale de la création chorégraphique. Dans les parcours d’interprètes mis en spectacle par Jérôme Bel, elle est le sujet même de l’œuvre qui porte le nom du danseur qui l’a inspirée (Véronique Doisneau, Cédric Andrieux, par exemple).

2. Apports indissociables

2008 Vallée - Mathilde Monnier et Philippe Katerine

La chorégraphe Mathilde Monnier a collaboré avec de nombreuses personnalités qui n’appartiennent pas au champ de la danse, notamment l’écrivain Christine Angot, le musicien Louis Sclavis, le peintre Dominique Figarella ou encore le philosophe Jean-Luc Nancy. A chaque fois il s’agit de décaler le processus chorégraphique grâce à ces rencontres et de penser la forme scénique en relation avec d’autres pratiques. En 2006, la chorégraphe et le chanteur Philippe Katerine créent 2008 Vallée. « On y chante des chansons, mais ce n’est pas seulement un concert ; on y danse, mais cela ne ressemble pas seulement à une pièce chorégraphique ; on y raconte des histoires, mais ce n’est pas du cinéma. 2008 Vallée est d’abord une rêverie née voici trente ans, en 1978, quand Philippe Katerine était petit garçon, une forme de science-fiction proche et lointaine qui lui permettrait d’envisager des sons, des paroles, des extrapolations à partir des événements concrets et des situations bien réelles de sa vie future » écrit Antoine de Baecque à propos de la pièce. « Les danseurs aiment chanter et le chanteur se met à danser, chacun empiétant sur le registre de l’autre avec une gourmandise réjouissante, tandis que le spectacle se risque sur une corde raide permanente, sans cesse aux limites de la rupture. »3 La forme du spectacle est très originale, d’autant plus que ne s’instaure aucune hiérarchie entre l’univers de la chanson et celui de la danse contemporaine.

Ma Lov’ – Bernardo Montet

Les chorégraphes invitent souvent les artistes avec lesquels ils collaborent à intervenir eux aussi sur la scène. Ces partenaires endossent généralement leur propre rôle, en contrepoint de l’action des danseurs. Dans Ma Lov’, chorégraphie de Bernardo Montet, c’est avec une artiste peintre et un musicien que les quatre danseurs partagent le plateau. L’artiste peintre dessine sur un tableau noir des formes qui s’effacent à un moment ou à un autre : « Peintre, Tamar Getter ne laisse de traces que dans la mémoire de ceux qui assistent à ses sortes de ready-made où des personnages dessinés à la craie engendrent des monstres enchâssés dans le réel, des lettres d’amour où l’ironie triomphe – écrit la critique Fabienne Arvers4. Les danseurs, avec elle, marquent la finitude du temps humain en traçant des cercles longs comme l’usure d’une craie. La danse avance, à l’aveuglette, le regard bandé par le long tableau noir qui coupe le miroir où se dédoublent les pas, les sauts tremblés, martelés, amplifiés par l’écho de la guitare électrique d’Eran Zur, “le Lou Reed israélien”, présent lui aussi sur le plateau. »

À propos de Dominique Bagouet : Christian Boltanski

Les collaborations de chorégraphes avec des plasticiens sont fréquentes. La danse et les arts plastiques sont deux arts où la dimension visuelle est déterminante, même si les enjeux de chaque démarche s’inscrivent dans des contextes fort différents. Le chorégraphe Hervé Robbe a travaillé avec le plasticien Richard Deacon pour créer Factory 93. Les deux artistes ont alors décidé de rompre avec l’espace frontal ; ils ont ainsi privilégié un espace scénique non traditionnel pour questionner le rapport entre la position spatiale du spectateur et sa réception de l’œuvre.

Dominique Bagouet a lui aussi collaboré avec de nombreux artistes, notamment Christian Boltanski pour Le Saut de l’Ange. À propos de cette collaboration, le plasticien déclare : «

J’ai joué à fond mon rôle de déstabilisateur. »5 Le monde de la danse lui est étranger et c’est pour lui un atout. Dans le film À propos de Dominique Bagouet, il en témoigne ainsi : « Je crois que le problème de la danse, c’est que les danseurs font un métier extrêmement difficile. Ils sont très, très jeunes dans le monde de la danse. Et je pense qu’il est parfois nécessaire qu’ils voient des gens extérieurs qui n’y connaissent rien. »

Le Défilé – Régine Chopinot

Écrivains, philosophes, plasticiens, musiciens et chanteurs sont de potentiels partenaires artistiques des chorégraphes. Parfois ce peut être aussi un créateur de mode. Jean Paul Gaultier, par exemple, qui a imaginé les costumes de la pièce de Régine Chopinot Le Défilé en 1985. La chorégraphe avait déjà collaboré avec lui en 1983 pour la création Délices dont il avait aussi conçu les costumes ; mais Le Défilé est une pièce sensiblement différente parce qu’elle est construite selon les règles du défilé de mode. La rencontre entre danse et mode ne se réduit pas ici aux costumes portés par les danseurs, mais elle influe sur le déroulement temporel et spatial de la chorégraphie. Pour Jean Paul Gaultier, il y a plusieurs points communs dans son approche artistique et celle de Régine Chopinot : « Je sais qu'il y a certains mouvements qu'elle faisait faire à ses danseurs qui étaient des gestes qu'on pourrait trouver quelque fois laids ou vulgaires, pas du tout esthétiques pour un ballet. Mais elle arrivait à en faire quelque chose de beau. Ça devenait beau et intéressant et c'était un petit peu une démarche que j'avais dans les vêtements. »6 La collaboration entre les deux artistes a duré jusqu’en 1994 et s’est à nouveau manifestée en 2012 à l’occasion de la création de la pièce Very Wetr au festival d’Avignon.

Ma Mère l’Oye - Thierry de Mey

Si des chorégraphes invitent des créateurs issus d’autres champs artistiques à s’investir dans leurs créations, l’inverse est également vrai. Le compositeur et cinéaste Thierry de Mey a souvent collaboré avec les chorégraphes belges Anne Teresa de Keersmaeker, Wim Vandekeybus et Michèle-Anne de Mey. Il est très intéressé par le transfert de modes compositionnels d’un champ artistique à l’autre. Il pense la danse, le film et la musique, dans un dialogue constant. Pour lui, la caméra est en mouvement, la musique rythme les images et le corps lance accents et dynamiques. C’est pourquoi il a convié une cinquantaine de chorégraphes et de danseurs à participer au film Ma Mère l’Oye.

Thierry de Mey s’empare ici de l’univers des contes de Charles Perrault qu’il accompagne de la musique de Maurice Ravel. De nombreux danseurs et chorégraphes, tels Thomas Hauert, Brice Leroux, Sidi Larbi Cherkaoui, Anne Teresa de Keersmaeker, Michèle-Anne de Mey, s’investissent dans ces contes. Thierry de Mey les filme dans une forêt où ils deviennent moult personnages qui s’animent, s’incarnent et s’évaporent.

___________

1 Présentation de la manifestation « Le Vif du sujet », devenue ensuite « Sujets à vif », et initiée la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) - www.sacd.fr

2 Interview de Sylvain Prunenec - www.kabako.org/creations/negre.html

3 Antoine de Baecque, 2008 Vallée - www.theatre-contemporain.net/spectacles/2008-Vallee

4 Fabienne Arvers, « Ma Lov’ », Les Inrockuptibles, 3 mai 2001 - www.lesinrocks.com

5 Christian Boltanski, cité par Chantal Aubry (Bagouet, Editions Bernard Coutaz, Arles, 1989, p. 81).

6 « Le défilé - Jean Paul Gaultier/Régine Chopinot », Arte - www.arte.tv/fr/le-defile-jean-paul-gaultierregine-chopinot

Auteur

Le Centre national de la danse (CN D) est un centre d’art pour la danse. C’est une institution dépendant du ministère de la Culture et de la Communication français et dévolu à la danse sous tous ses aspects : la promotion de spectacles et de chorégraphes, la diffusion de la culture chorégraphique, la création artistique, et la pédagogie.

Générique

Sélection des extraits
Centre national de la danse

Textes

Centre national de la danse

Production
Maison de la Danse

Le Parcours « Collaborations artistiques » a pu voir le jour grâce au soutien du Secrétariat général du Ministère de la Culture et de la Communication - Service de la Coordination des politiques Culturelles et de l'Innovation (SCPCI)

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