invisibili
2024 - Réalisateurs : Belanger, Juliette - Plasson, Fabien
Chorégraphe(s) : Bory, Aurélien (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Maison de la danse
invisibili
2024 - Réalisateurs : Belanger, Juliette - Plasson, Fabien
Chorégraphe(s) : Bory, Aurélien (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Maison de la danse
invisibili
Au Théâtre Biondo il y a un mur. Comme dans tous les théâtres, je regarde les murs du fond. Ils gardent pour moi un intérêt sans cesse renouvelé. Car, depuis la skene grecque – cette toile tendue devant laquelle les acteurs se produisent – jusqu’aux scènes des théâtres italiens, il y a la même invention : cacher le réel – le rendre invisible – pour pouvoir ensuite le représenter. À Biondo, le mur de Palermo Palermo a laissé des traces, tout comme l’histoire a laissé ses traces sur les murs de Palerme. Mais c’est un autre mur qui a finalement attiré toute mon attention.
Le Triomphe de la mort, est une fresque murale du 15e siècle, peinte pour le premier hospice de la ville destiné aux pauvres, déplacée puis conservée aujourd’hui à la Galerie Abatellis, sans en connaître l’auteur. Elle est devenue à travers les âges le symbole même de Palerme, tant dans son contenu et que par le mystère qui entoure sa création. De nombreux historiens et artistes se sont penchés sur cette oeuvre, charnière entre le haut-gothique et la renaissance dont la modernité sidère non seulement par sa narration et sa structure très pensées, mais aussi par un fait marquant, le peintre et son assistant se sont représentés sur le côté de la fresque, regardant le spectateur, et constituant une première dans l’histoire de la peinture. Jan Van Eyck réalisait en 1433 le premier autoportrait connu de l’histoire, l’homme au turban, et dix ans plus tard à Palerme, un peintre se plaçait en plein dans sa fresque avec son disciple, seuls personnages nous regardant, constituant ainsi une mise en abîme saisissante. Ainsi il ne s’agit pas uniquement de la mort, squelette impressionnant et riant sur son cheval émacié, assénant ses flèches à sa guise et presque au hasard, au milieu d’une multitude de corps, il s’agit avant tout de sa représentation. Le peintre ne nous rappelle-t-il pas ainsi que l’art n’existerait pas sans la conscience de la mort ? Et que nous avons recours aux représentations pour parler de ce qui nous sera à jamais inconnu ? Dans le triomphe de la mort conçu à la manière d’une tapisserie, c’est à dire d’un décor, d’un monde, le peintre et son regard nous interrogent sur l’art et sa fonction. Car au-delà de cette danse des couleurs pleine de vie, de ce chaos en spirale aux références multiples, de cet humour perceptible, la fresque propose une consolation. Tout le monde meurt des plus pieux aux plus puissants, rien ne résiste à la mort, car s’il n’y avait pas mort, il n’y aurait pas de vie.
J’ai imaginé pour invisibili une toile de fond reproduisant le Triomphe de la mort à l’échelle un : six mètres par six, des dimensions de théâtre. La fresque a été peinte dans le contexte de la peste noire, fléau de l’histoire, qui a meurtri Palerme pendant quatre siècles. Et pour invisibili je pose la fresque dans le contexte actuel, cachant les fléaux récurrents d’aujourd’hui, parmi lesquels la mort des migrants, le cancer, les catastrophes naturelles.
Sur la toile, outre les deux peintres, des artistes sont représentés : des musiciens, des femmes qui dansent. Et ce sont précisément des artistes que j’ai rencontré à Palerme en premier. D’abord Gianni Gebbia, saxophoniste à la carrière internationale, ayant travaillé pour la scène avec de grands artistes, notamment pour Heiner Goebbels. Puis Chris Obehi, chanteur nigérian, ayant commencé sa nouvelle vie à Palerme en chantant en sicilien. Et enfin des danseuses que j’ai voulues voir comme les filles de Pina Bausch : Valeria Zampardi, Blanca Lo Verde, Maria Stella Pitaresi, Arabella Scalisi. Avec elles, la fresque au centre du théâtre s’anime et prend par leurs danses une autre dimension. Elle constitue pour ces artistes une partition scénique vertigineuse, un ensemble de scènes invisibles, qui se donnent à jouer, pour peu qu’on les regarde une fois encore, avant que la fresque ne s’effrite et disparaisse à tout jamais.
Aurélien Bory, octobre 2023
Source : Maison de la danse
Bory, Aurélien
Aurélien Bory est né à Colmar en 1972. Ses études de physiques à l’Université de Strasbourg l’amènent à travailler dans le domaine de l’acoustique architecturale. Il interrompt ce parcours scientifique en 1995 et intègre le studio de création au sein du Lido, Centre des arts du cirque, à Toulouse. Il rencontre au Théâtre Garonne Mladen Materic, auprès duquel il se forme, et intègre sa troupe, le Théâtre Tattoo.
Il fonde la Compagnie 111 en 2000 à Toulouse. Il développe un théâtre physique, singulier et hybride, à la croisée de nombreuses disciplines (théâtre, cirque, danse, musique, arts visuels). De La trilogie sur l’espace, projet fondateur marqué par la collaboration avec le new-yorkais Phil Soltanoff, à sa dernière création aSH (2018) en passant par Espæce (2016) créée pour la 70e édition du Festival d’Avignon, son répertoire de onze spectacles est largement diffusé sur la scène internationale.
Aurélien Bory est soutenu par de nombreux théâtres, notamment le TNT – Théâtre national de Toulouse et le Grand T théâtre de Loire-Atlantique à Nantes où il a été artiste associé entre 2011 et 2016. Sa réflexion sur l’espace l’amène à investir de nouveaux champs artistiques tels que l’Opéra, les arts plastiques, l’architecture et l’urbanisme. Il mène à Toulouse une préfiguration artistique et architecturale pour inventer un nouveau de lieu de création dans les murs de l’ancien Théâtre de la Digue.
Sources : Site de la Compagnie 111
En savoir plus : cie111.com
Belanger, Juliette
Juliette Belanger est réalisatrice et monteuse, principalement dans le domaine du spectacle vivant (théâtre, danse, musique, etc.).
C’est au cours de ses premières années d’étude en Métiers des Arts et de la Culture, qu’elle commence à Lille en 2018 et finit à Paris en 2021, que Juliette développe ses compétences et son goût pour l’image et la création vidéo.
Très vite, le monde du spectacle vivant l’intrigue et, dès 2019, ses premières expériences professionnelles s’y inscrivent. Entre festivals de théâtre, compagnies et autres associations de productions, elle découvre et défend les enjeux de la vidéo pour la diffusion du spectacle vivant. Elle termine son cursus universitaire en 2022 en suivant la Licence Professionnelle Techniques et Pratiques Artistiques du montage à Lyon II.
Elle découvre alors le monde de la danse en 2023, en collaborant avec le réalisateur vidéo au Pôle Image de la Maison de la Danse, Fabien Plasson.
Aujourd’hui, elle réalise et monte des captations de spectacles de théâtre et de danse pour divers festivals, compagnies et évènements culturels tout en continuant à créer divers contenus vidéos autour du spectacle vivant (reportages autour des créations, portraits d’artistes, etc.)
Plasson, Fabien
Fabien Plasson est réalisateur, principalement dans le domaine du spectacle vivant (danse, musique, etc.).
C’est au cours de sa formation à l’École Nationale Supérieur des Beaux-Arts de Lyon qu’il intègre en 1995 que Fabien découvre l’art vidéo. Il se forme alors auprès de divers artistes vidéastes (Joël Bartoloméo, Pascal Nottoli, Eric Duyckaerts, etc).
Son approche s’inscrit d’abord dans une recherche plastique avec la création d’installations et d’objets filmiques.
En 2001, il rejoint l’équipe de la Maison de la Danse de Lyon et s’occupe durant 10 ans de la programmation du Vidéo-Bar Ginger&Fred. Il découvre alors l’univers chorégraphique et les enjeux de la vidéo pour la diffusion et la transmission de la danse aux côtés de Charles Picq alors vidéaste et directeur du service vidéo de la Maison de la Danse.
En parallèle, il continue son activité de création plastique, réalise des vidéos de concerts, de pièces de théâtre et crée également des décors vidéos pour le spectacle vivant.
Aujourd’hui, Fabien Plasson est réalisateur vidéo au Pôle Image de la Maison de la Danse de Lyon et pour Numeridanse.tv, vidéothèque internationale de danse en ligne.
Source : Maison de la Danse, Fabien Plasson
invisibili
Direction artistique / Conception : Aurélien Bory
Interprétation : Blanca Lo Verde, Maria Stella Pitarresi, Arabella Scalisi, Valeria Zampardi, Chris Obehi, Gianni Gebbia
Conseil artistique / Dramaturgie : Manuela Agnesini, Stéphane Chipeaux-Dardé
Mise en scène : Aurélien Bory
Scénographie : Aurélien Bory
Musique originale : Gianni Gebbia, Joan Cambon
Lumières : Arno Veyrat
Costumes : Manuela Agnesini
Décors : Hadrien Albouy, Stéphane Chipeaux-Dardé, Pierre Dequivre, Thomas Dupeyron, Mickaël Godbille
Son : Stéphane Ley
Production / Coproduction de l'œuvre chorégraphique : Cie 111
Production / Coproduction de l'œuvre vidéo : Maison de la danse
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