Silver Rosa de Yuval Pick (2023) — teaser
2023 - Réalisateur-rice : Rignol, Adrien
Chorégraphe(s) : Pick, Yuval (France)
Producteur vidéo : CCNR/Yuval Pick
Silver Rosa de Yuval Pick (2023) — teaser
2023 - Réalisateur-rice : Rignol, Adrien
Chorégraphe(s) : Pick, Yuval (France)
Producteur vidéo : CCNR/Yuval Pick
Silver Rosa
Inspirée d’images fantasmagoriques et de rituels archaïques, Silver Rosa fait surgir la nécessité viscérale de créer du lien entre individus. Yuval Pick souhaite nous mettre en mouvement et nous toucher au cœur. L’endroit où palpite nos désirs sans fin.
Son travail est nourri depuis son origine par le désir de créer du commun, de construire à partir de nos altérités de nouveaux possibles. Pour cette création, il réunit un groupe de dix danseur·euses d’âges et d’origines diverses, chacun·e reflet d’un monde et d’une histoire singulière, dans un paysage miroitant, aussi archaïque que futuriste. Avec eux, Yuval Pick invente de nouveaux mythes en s’appuyant sur des rituels folkloriques, des chants et des mouvements partagés.
Silver Rosa tire un trait d’union entre les traditions, les gestes et les musiques qui nous connectent. Le chorégraphe, directeur du Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, compose une oeuvre qui répond à l’urgence contemporaine de se relier aux autres. Son approche holistique, qui embrasse la multiplicité des existences et des expériences, interroge : à quoi tient notre humanité ?
Le désir de cette pièce est né pendant le confinement. Comment avez-vous traversé cette période ?
Yuval Pick (YP) — On a tous vécu cette halte dans notre chair, avec nos corps. La multiplicité de nos expériences m’a beaucoup frappé. J’ai voulu faire état de cette densité en réunissant des danseurs·euses de ma compagnie qui ont plutôt la vingtaine, la trentaine, et des interprètes de plus de 45 ans. Danser après cet âge est courageux, dans un métier où le vieillissement n’est ni visible ni valorisé…
Leur parcours de vie se perçoit dans leurs gestes. Ça n’a rien à voir avec la beauté et la force des plus jeunes. Avec cette équipe, nous avons travaillé autour de la notion de lien. Si la pandémie a révélé l’interconnexion des corps, elle a surtout souligné son absence. Nous sommes des créatures de plus en plus autosuffisantes, nos vies sont de plus en plus déconstruites. Il me semble urgent de lutter contre cela, car le lien à l’Autre est une nécessité viscérale, c’est ce qui donne de l’amplitude et de la joie à nos existences. Je me demande : à quoi tient l’humanité aujourd’hui ?
Vous vous êtes intéressé aux chants de gorge inuit ou au carnaval de Sardaigne. Deux traditions de corps et de sons ancestrales.
YP — J’avais envie de revenir à des choses fondamentales et archaïques : les folklores. C’est aussi par là que j’ai commencé la danse. Le chant de gorge inuit est un jeu à deux, en face à face, exécuté par les femmes et qui connecte très profondément au soi. Les danseurs·seuses ont traversé cette pratique. Mais ce qui m’intéresse, ce n’est pas qu’ils la reproduisent de manière traditionnelle, c’est de voir quels états de corps elle produit. En Sardaigne, le carnaval de Mamoiada m’a énormément touché. J’ai vu un village entier, enfants comme vieillards, porter des gigantesques sacs à dos de cloches et sauter pour les faire sonner. J’aime l’idée de faire du bruit ensemble, de trouver un accord par un acte commun.
Quelle matière chorégraphique a émergé de ces processus ?
YP — Depuis plusieurs années, j’ai développé une méthode de danse appelée Practice. L’un de ses fondamentaux est la rotation, un travail à 360 degrés. Il s’agit de perturber la « tige urbaine » que nous sommes, de proposer une autre manière de se tenir, de laisser bouger notre buste, le plexus, l’estomac, le coeur, toute la vie qu’il y a à l’intérieur. Pour cette création nous avons travaillé autour de la ligne et du cercle, deux figures archaïques présentes dans les rituels de danse. Notre art révèle à la fois toutes les couches de notre être, conscientes ou inconscientes, de la société, de l’humanité et les relations qu’elles entretiennent. C’est ça, pour moi, être à 360 degrés.
— Propos recueillis par Léa Poiré pour La Biennale de la danse de Lyon 2023
Pick, Yuval
Nommé à la tête du CCN de Rillieux-la-Pape en août 2011, Yuval Pick a derrière lui un long parcours d’interprète, de pédagogue et de chorégraphe.
En bref
Formé à la Bat-Dor Dance School de Tel Aviv, il intègre la Batsheva Dance Company en 1991 qu’il quitte en 1995 pour entreprendre une carrière internationale auprès d’artistes comme Tero Saarinen, Carolyn Carlson ou Russel Maliphant. Au sein du Ballet de l’Opéra de Lyon, il collabore avec William Forsythe et Mats Ek, puis fonde en 2002 sa propre compagnie, The Guests.
Depuis, il signe des pièces marquées par une écriture élaborée du mouvement, accompagnée de fortes collaborations avec des compositeurs musicaux et où, dans une forme de rituel, la danse propose un équilibre sans cesse remis en cause entre l’individu et le groupe. Son travail a été présenté dans des théâtres et festivals prestigieux, en France (Chaillot, le Centquatre-Paris, la Biennale de la Danse de Lyon...) et à l'étranger.
Créations et répertoire
Il crée Popular Music (2005), Strand Behind (2006) pour le Festival d’Agora de l’IRCAM et le CNSMD Lyon et 17 drops (2008). En 2010, il crée la pièce Score, puis The Him pour le jeune ballet du CNSMD de Paris et le trio PlayBach à l’invitation de Carolyn Carlson. En 2012, No play hero, pièce pour 5 danseurs et 5 musiciens autour de la musique du compositeur David Lang et Folks pièce pour 7 danseurs pour la Biennale de la Danse de Lyon.
En 2014, deux créations, le duo loom sur la musique de Nico Muhly et Ply pièce pour 5 danseurs avec la compositrice américaine Ashley Fure. En 2015, il crée Apnée (corps vocal), une pièce pour 4 danseurs et 6 chanteurs en collaboration avec Spirito — les Chœurs et solistes de Lyon, dont découlera la courte pièce eddies créée pour le festival Kazuo Ohno de Yokohama. En décembre 2015, il créé Are friends electric? une pièce pour 6 danseurs autour de la musique emblématique de Kraftwerk.
En 2016, sur une demande des Monuments Nationaux, Yuval Pick crée le projet in situ Hydre au Monastère Royal de Brou dans le cadre de Monuments en mouvement #2. En 2018, il crée Acta est fabula à Chaillot — Théâtre National de la Danse, et Flowers crack concrete pour le projet Passerelles (un groupe de jeunes danseurs palestiniens, israéliens et français).
En 2020, il crée Vocabulary of need pour 8 danseurs au Théâtre - Scène Nationale de Saint-Nazaire et Terrone, solo pour Marco Merenda, dans le cadre de Danser Encore, commande pour le Ballet de l’Opéra de Lyon. En 2021, il crée Kairos, solo pour Madoka Kobayashi au Musée d'Art Contemporain de Lyon, puis Bugger pour 40 danseurs du CNSMD de Paris et, enfin, FutureNow, pièce pour 4 danseurs au Centre Chorégraphique Luxembourgeois — Trois C-L. 2022, il crée There’s a Blue bird in my heart, pièce pour 8 danseurs, commande pour le Ballet de l'Opéra de Lyon.
En 2023, Yuval Pick travaille à la création d'une pièce pour 10 danseurs, coproduite par La Biennale de la Danse de Lyon, Le Théâtre — scène nationale de Saint Nazaire, Château Rouge — scène conventionnée d'Annemasse.
Practice, sa méthode
Depuis le début des années 2000, Yuval Pick a créé plus d’une vingtaine de pièces chorégraphiques. Leur écriture s’appuie sur une « matrice » ou méthode, dénommée Practice, qui est à la fois une philosophie du corps et un ensemble d’expériences de soi inédites. De pièce en pièce, d’expérimentations en recherches, Practice se précise peu à peu comme une autre manière de danser, en invitant les interprètes à une autre perception de leurs corps et à un nouvel état d’esprit délivré de certaines habitudes.
Practice propose de sortir des sentiers battus de la danse, pour retrouver dans chaque mouvement sa profondeur organique et intime. Et invite chacun à (re)découvrir son identité corporelle singulière, ainsi qu’un rapport plus libre à l’espace et aux autres. Avec Practice, il ne s’agit plus seulement de trajectoire à suivre, de posture à tenir, ou de geste technique à exécuter (dans un certain « oubli de soi »), mais de mise en mouvement de l’interne autant que de l’externe, et d’actions intentionnelles, marquées de subjectivité. Je n’exécute pas une danse ou un mouvement, mais, en dansant, je m’implique et je crée de nouveaux rapports entre dedans et dehors, et au sein même de mon « dedans » corporel. L’action a lieu tout autant en moi que hors de moi, et dans l’entre-deux.
Eskenazi, Sharon
Rignol, Adrien
CCNR - Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape
Le projet artistique de Yuval Pick au CCNR est fondé sur trois besoins : l’urgence de créer un espace commun où chacun.e peut vivre sa singularité, la nécessité de défendre l’art de la danse et son écriture, l’importance de développer et rendre visible la place du danseur dans la société comme interprète - transmetteur - créateur. Les pièces de Yuval Pick ainsi que les autres actions du CCNR sont nés à partir de ces trois axes.
Une des principales singularités du projet de Yuval Pick réside dans la présence, au Centre Chorégraphique National, d’un groupe de cinq danseurs permanents. Une compagnie permanente apporte une dynamique permettant d’approfondir l’écriture du mouvement mais aussi de construire et de faire mûrir un répertoire. Cette permanence d’une compagnie affirme aussi une conception complète de l’artiste-interprète, qui place nos danseurs au cœur de la création. Projet après projet, la créativité de chaque individualité se développe et le dialogue chorégraphe-danseur s’enrichit.
La compagnie permanente a permis aussi le développement de la méthode de Yuval Pick Practice, qui est devenue la pratique quotidienne des danseurs. Practice est transmis aux danseurs professionnels, mais également à d’autres publics, en France, en Europe et dans le monde entier par Yuval Pick et ses danseurs.
Le Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape poursuit chaque année le soutien à la création chorégraphique grâce au dispositif de l’accueil studio. Sa démarche repose notamment sur un accompagnement des équipes artistiques accueillies, en donnant une place importante à l’émergence et au développement d’une écriture singulière.
Le projet artistique de Yuval Pick est guidé par le besoin naturel de faire ensemble tout en développant la singularité de chacun. C’est en suivant ce principe qu’un intérêt particulier est porté aux rencontres multiples et diverses autour de la danse. L’objectif est de transmettre à tous les publics afin de proposer une nouvelle manière de créer et d’imaginer en tant qu’individu au sein d’un groupe.
La pratique collective est inscrite dans l’ossature du projet. Avec les ateliers, les spectacles, les rencontres, les temps forts et les résidences d’artistes nous fédérons le public autour d’une dynamique du sensible. Les portes d’entrées sont variées et nous encourageons chacun, spectateurs et artistes, à les combiner. Nous croyons que c’est en connectant des expériences différentes que nous activons notre sensibilité́, notre imaginaire, pour recevoir et lire le monde dans sa complexité́.
source : http://www.ccnr.fr/
Silver Rosa
Direction artistique / Conception : Yuval Pick
Assistance direction artistique / conception : Sharon Eskenazi
Chorégraphie : Yuval Pick
Assistance à la chorégraphie : Sharon Eskenazi
Interprétation : Gilles Baron, Julie Charbonnier, Axel Escot, Céline Gayon, Simon Hervé, Madoka Kobayashi, Adrien Martins, Francesca Mattavelli, Jade Sarette, Ernest Sarino Mandap
Conseil artistique / Dramaturgie : Michel Raskine
Scénographie : Bénédicte Jolys
Musique originale : Max Bruckert, assisté de Pierre-Jean Heude
Lumières : Sébastien Lefèvre
Costumes : Gabrielle Marty, assistée de Florence Bertrand et Cécile Destouches
Direction technique : Thalie Lurault
Production / Coproduction de l'œuvre chorégraphique : Coproduction : Château Rouge, scène conventionnée à Annemasse, La Biennale de la danse de Lyon 2023, Le Toboggan à Décines-Charpieu Accueils en résidence : Maison de la Danse, Lyon – Pôle européen de création, Château Rouge, scène conventionnée à Annemasse, Le Toboggan à Décines-Charpieu
Production / Coproduction de l'œuvre vidéo : AxionKrew - Adrien Rignol
Durée : 60 minutes
Folklores dites-vous ?
Présentation de la manière dont les chorégraphes contemporains revisitent le Folklore.
La danse au Québec : Les corps déraisonnables
Première partie du Parcours consacré à la danse au Québec, voici un ensemble d’extraits présentant l’utilisation très physique du corps.
La danse traditionnelle polonaise
En Pologne, la culture des danses traditionnelles a été entretenue : elles continuent d’être transmises aujourd’hui. Ce parcours permet de faire une visite entre ces différentes danses.
Pourquoi je danse ?
Rituels
Découvrez comment la notion de rituel prend sens dans diverses danses à travers ces extraits.