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Retrospective : 1996

Numeridanse 2015

Chorégraphe(s) : Raffinot, François (France) Diverrès, Catherine (France) Brumachon, Claude (France) Bel, Jérôme (France) Charmatz, Boris (France)

Présentée dans la/les collection(s) : Numeridanse , 30 ans danse - Version Française

Producteur vidéo : 24images production

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Retrospective : 1996

Numeridanse 2015

Chorégraphe(s) : Raffinot, François (France) Diverrès, Catherine (France) Brumachon, Claude (France) Bel, Jérôme (France) Charmatz, Boris (France)

Présentée dans la/les collection(s) : Numeridanse , 30 ans danse - Version Française

Producteur vidéo : 24images production

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Retrospective : 1996

À l'occasion des 30 ans des Centres Chorégraphiques Nationaux, 30 pastilles qui évoquent à travers un montage d’archives l’histoire des CCN, des chorégraphes et de la danse en France ces 30 dernières années ont été créées. 

Focus sur l'année 1996 et les productions de François Raffinot, Catherine Diverres, Claude Brumachon, Jérôme Bel, Boris Charmatz.

Retranscription du texte :

L'année 1996, dans la continuité du foisonnement des écritures singulières, nous propose des solos et des pièces de groupe…
Du ramdam des tam-tam aux soupirs feutrés des corps, de la scène confidentielle à la cour d'honneur du Palais des Papes, les chorégraphes des CCN confirment leur talent.
On en reste coi.
Mais le silence ne va pas durer. Cette année-là une critique, sans doute désorientée par ce qu'elle voit émerger, va lâcher le mot qui fâche : la non-danse.
Ni une ni deux, ni oui, ni non. C'est le buzz dans la dansosphère. Les oui-chorégraphes revendiquent de faire évoluer des non-danseurs comme des oui-danseurs, mais de là à parler de non-danse : NON.
Oui, oui, tourner autour de la danse, jouer avec les signes et faire bouger les lignes, c'est toujours de la danse.
Et la non-danse de l'été 96 ce sera la Macarena, dont la non-chorégraphie, signée Mya Frye, s'apprend en 3 minutes.

Raffinot, François

François Raffinot est un chorégraphe français né le 1er janvier 1953 à Paris.
Il découvre assez tôt sa sensibilité pour les arts. À dix ans, il se souvient d'avoir été marqué par la musique moderne et contemporaine, en particulier celle des compositeurs Edgar Varèse, avec son Poème électronique et Belà Bartók.
Il poursuit sa scolarité dans les lycées Montaigne et Louis-le-Grand où son intérêt pour le théâtre laisse rapidement la place à la danse. De fait, à seize ans, en vacances, il assiste à Nomos Alpha de Maurice Béjart, ballet créé à Royan en 1969 sur une musique de Iannis Xenakis. Cette association entre la danse et la musique marque profondément le jeune homme.
 

À dix-sept ans, il s'inscrit aux cours de danse classique dispensés par Igor Fosca à la salle Pleyel. À cette même période, il assiste à de nombreux spectacles, notamment ceux de Merce Cunningham au Théâtre de l'Odéon.
En 1973, âgé de vingt ans, il passe une audition pour le Théâtre du Silence, compagnie alors dirigée par Jacques Garnier et Brigitte Lefèvre. Il s'installe ensuite à Grenoble, où il danse pour Félix Blaska et au Ballet de poche où il rencontre le chorégraphe Alain Deshayes en qui il trouve un interlocuteur perivilégié. Après un bref épisode rouennais, début 1975, il s'essaye au théâtre et au cabaret à Londres, où il joue notamment à la Roundhouse dans La Grande Eugène de Frantz Salieri. Il y approfondit sa culture du cabaret et du music-hall.   
 

Alain Deshayes le met aussi en contact avec Jean-Claude Malgoire, grand spécialiste de la musique baroque. Les deux hommes collaborent une première fois en 1974 pour la reprise des Indes galantes, opéra-ballet de Jean-Philippe Rameau.
En 1975 et 1976, il intègre la compagnie Peter Goss où danse également Dominique Bagouet, et participe activement au collectif chorégraphique Watercress. Parallèlement, il commence en autodidacte ses recherches sur les danses anciennes, en particulier à partir des danses de Guillaume-Louis Pécour notées par Raoul-Auger Feuillet. Viviane Serry qui fait partie de Watercress lui présente alors Francine Lancelot. En 1978, il décide de reprendre ses études et de suivre les cours de licence de Philosophie à l'Université Paris IV-Sorbonne.
 

La vie artistique de François Raffinot permet ensuite de distinguer cinq grandes périodes correspondant aux différentes structures (compagnies ou institutions culturelles) au sein desquelles il développe ses créations : Ris & danceries, qu'il intègre en tant qu'interprète en 1980 mais qu'il co-dirige ensuite (1984 à 1989), la compagnie Barocco (1990-1992), le CCN du Havre – Haute-Normandie, l'Ircam (1999-2002) et enfin le Snarc (2002-2013).
En 1980, il rejoint Ris & Danceries la compagnie de Francine Lancelot dont le travail sur les danses baroques trouve un écho particulier en lui. Il y devient danseur et interprète. Aux côtés de Francine Lancelot, il se réapproprie et réinvente les danses des XVème au XVIIIème siècles. Il prend avec elle la co-direction de la compagnie à partir de 1984. Il se distingue en chorégraphiant les divertissements d'Hippolyte et Aricie (1985) sous la direction de William Christie, d'après une mise en scène de Pier-Luigi Pizzi ou en reprenant la conception de Bal et ballets à la cour de Louis XIV (1987). Pourtant, François Raffinot commence à se démarquer en se consacrant à sa propre écriture de la danse baroque, proposant sa Suitte d'un goût étranger sur une musique de Marin Marais, pièce pour laquelle il demande à Andy De Groat, Dominique Bagouet et Robert Kovich de s'associer au projet. Suivront Caprice (1986) et Passacailles (1987). En 1988, il travaille à nouveau avec le chef d'orchestre Jean-Claude Malgoire pour les recréations de Zéphyre (1988) et Platée (1989).   
 

En 1990, il quitte la compagnie de Francine Lancelot et monte avec Guilène Lloret la compagnie Barroco. Dès lors, il se consacre à l'écriture d'une nouvelle esthétique de la danse baroque qu'il voudrait empreinte de plus de contemporanéité. Ses réflexions s'articulent notamment autour du rapport entre la danse et la musique. C'est pourquoi il crée, au Festival Montpellier Danse, Garden-Party ou les surprises de la conversation pour laquelle le compositeur anglais Michael Nyman réalise les thèmes musicaux. En 1991, il met en scène sous la direction musicale de Jean-Claude Malgoire Les Fêtes vénitiennes dont la première partie est constituée d'extraits de l'opéra éponyme d'André Campra, et la seconde de Pulcinella d'Igor Stravinski. Il chorégraphie l'année suivante Alceste, la tragédie lyrique de Jean-Baptiste Lully, avant de monter Les Barricades mystérieuses, trio créé pour les danseurs du Jeune Ballet de France.   Il dira, concernant ses recherches sur le monde baroque, en réponse à nos questions, qu'il a « gardé de ces études et de ces activités, le goût du flamboyant, des débordements, de la machinerie et de l'illusion ».
 

En 1993, il est nommé co-directeur, avec Guilène Lloret, du Centre chorégraphique national du Havre – Haute-Normandie.   Pour sa première saison, il crée Les Météores. De ses propres mots, la pièce ouvre la voie à une nouvelle ère de création, encourageant un style plus libre et plus personnel. Pour le Festival d'Avignon, en juillet 1994, il crée Adieu, pièce mise en musique par Pascal Dusapin. En août de la même année, il présente Linden, dans le cadre du festival Tanz Im August de Berlin. La musique a été confiée au compositeur finlandais Magnus Lindberg. Adieu et Linden seront ensuite souvent jouées ensemble lors de la même soirée. En 1995, la musique de sa nouvelle création Sin arrimo y con arrimo est confiée une nouvelle fois à Pascal Dusapin. Le titre s'inspire d'un poème de Saint-Jean de la Croix.   En 1996, Au-delà est une commande du Komische Oper de Berlin. La pièce, interprétée par des danseurs allemands, évolue sur des musiques de Giacinto Scelsi. Quelques mois plus tard, Scandal Point est présenté à l'occasion de la 50ème édition du Festival d'Avignon. La pièce frappe par l'utilisation de la voix de Salman Rushdie et du titre très rock du groupe britannique The Rolling Stones, Sympathy for the Devil.   Après avoir réalisé les décors de Sin arrimo y con arrimo, la plasticienne Agnès Lévy collabore à nouveau avec François Raffinot pour Rift, une création pour le festival Octobre en Normandie de 1997. Pour sa dernière année à la tête du centre, il crée Remix sur des musiques de György Ligeti et Heiner Goebbels. On lui doit, à cette même période, la conception et la première édition du Vif du sujet en 1996, manifestation chorégraphique de la SACD au Festival d'Avignon.
 

En 1999, François Raffinot met en place le département chorégraphique de l'Institut de recherche coordination acoustique/musique (Ircam) dont il occupe la direction. Le nouveau département « a pour mission d'établir un programme de sensibilisation à l'art chorégraphique, de déterminer des axes de recherches audiovisuelles en accord avec ceux du département de recherche, de provoquer le développement de certaines techniques en relation avec le département pédagogique, de favoriser les échanges entre jeunes chorégraphes et jeunes compositeurs avec des commandes musicales spécifiques et d'encourager la présence sur scène des instrumentistes ou des chanteurs aux côtés des danseurs ».   De fait, à l'occasion du Festival Agora, François Raffinot crée la pièce Play-Back sur une musique d'Edmund J. Campion, en juin 1999, commandée par l'Ircam et la SACD. En 2000, il travaille en étroite collaboration avec Emmanuelle Vo-Dinh, l'une de ses plus fidèles interprètes, et le compositeur Yan Maresz pour la pièce Al Segno. Enfin, en 2001, il présente P.R. / On Line (Home studio) sur Anthème 2 de Pierre Boulez et Animus de Luca Francesconi.
 

En quittant ses fonctions en juillet 2002, il met en place sa propre structure SNARC (Site nomade des ateliers de recherche chorégraphiques) afin de se consacrer à des laboratoires de recherche et de pédagogie autour du corps et des nouvelles technologies (danse/musique/image). En témoigne pas_de_direction qu'il crée avec le compositeur François Sarhan et la vidéaste Magali Desbazeille. Cette pièce a été conçue pour trois performers. Il produit par la suite une série de Laboratoires : Rebound's Lab avec le percussionniste et metteur en scène Roland Auzet, Totem pour une acrobate, Salomé, Salon littéraire pour quatre écrivains et Set, pièce pour sept femmes au parcours artistique différent (mars 2006). Parallèlement à ces projets, il a inauguré, en 2005, une résidence de trois ans à l'Arsenal de Metz où il crée Set, pièce pour sept femmes au parcours artistiques différent (mars 2006). Il s'est aussi associé au Centre des arts d'Enghien-les-Bains.   Depuis 2009, François Raffinot est régulièrement invité à donner des cours théoriques dans les écoles d'art, les universités et publie ouvrages, articles et fictions.

Il a été professeur de philosophie au Lycée Steiner-Waldorff Perceval de Châtou de 2010 à 2015.

Il a publié deux livres et des articles sur la chorégraphie. Il est également auteur de fictions.

Source : CN D - inventaire des archives de François Raffinot

Diverrès, Catherine

Catherine Diverrès naît en Gironde en 1959, et passe une enfance entre France et Afrique. Dès l'âge de 5 ans, elle se forme à la danse classique auprès de Sylvie Tarraube, puis de Suzanne Oussov, selon la technique Vaganova. Dans le milieu des années 1970 elle aborde les techniques américaines (Limon, Graham, Cunningham, Nikolais), et entre en 1977 à Mudra Béjart.

Elle danse un temps pour les Ballets Félix Blaska (1978) puis pour la compagnie Nourkil – danse-théâtre et pour Elinor Ambasch (1979) avec Bernardo Montet. En 1980 ils intègrent la compagnie de Dominique Bagouet à Montpellier, notamment pour les pièces Grand Corridor et Toboggan. A la suite d'une série d'ateliers, Catherine Diverrès conçoit Une main de sable, création pour cinq danseurs pensée depuis un travail en commun autour des thèmes d'origine et de territoire, qui sera présentée au festival de Montpellier en juillet 1981.

En 1982, Elle s’installe à paris avec Bernardo Montet. Advient la préfiguration de ce qui deviendra le Studio DM, avec la création d'un solo de Catherine Diverrès, Consumer, puis l'obtention d'une bourse d'étude du Ministère de la Culture, leur permettant de se rendre à Kamihoshikawa (Japon) suivre une formation de six mois auprès du maître de butô Kasuo Ohno.

La première pièce officielle du Studio DM, Instance, est créée par Catherine et Bernardo Montet en 1983 à Tokyo, et la légende veut qu'elle laissa « muet le maître du butô en personne. » Elle est suivie du Rêve d'Helen Keller en 1984, conçue par Catherine Diverrès seule, et primée lors du Concours de Bagnolet. Sept autres pièces voient le jour entre 1985 et 1994, faisant l'objet de différentes collaborations. De cette première période de création, on note que Catherine Diverrès continue à danser dans chacune de ses pièces. A ses côtés, Bernardo Montet se pose également comme un collaborateur et interprète d'exception : « Deux danseurs hors pair : elle, lointaine, intouchée, lui, massif et virtuose à la fois, tous deux réunis dans une même façon de ployer le corps et de passer avec aisance de la lenteur la plus suspendue à la brutalité la plus vive » (Chantal Aubry).

Le studio DM – où désormais chacun des deux chorégraphes signe ses propres pièces - acquiert progressivement une reconnaissance critique, publique et institutionnelle : les spectacles font la une des festivals les plus prestigieux d'Europe (Avignon, Montpellier, SIGMA à Bordeaux, Sringdance à Utrecht, Glashuset à Stockholm, Festwoch à Berlin…), et sont montés grâce à différentes coproductions (CAC d'Orléans, Théâtre de la Ville, Quartz de brest, CNDC d'Angers, …).

En 1994, Catherine Diverrès et Bernardo Montet sont nommés codirecteurs du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, que Catherine Diverrès continuera à diriger seule à compter de 1998. Ce qui, peut-être, détermine le plus pertinemment cette période tient probablement à l'incursion de textes poétiques ou philosophiques dans les créations. Si l'incursion de textes n'est certes pas nouvelle dans les œuvres de Catherine Diverrès, du moins prend-elle, dans ces années-là, un tour essentiel dans les enjeux, artistiques comme de réflexion, portés par la chorégraphe. Il paraît nécessaire de souligner l'importance de la pratique de l'écriture chez Catherine Diverrès. Les archives des documents artistiques de la chorégraphe montrent assez l'ampleur et la qualité de son implication dans les éditoriaux des Lettres du CCNRB comme dans les dossiers de création : toutes les notes d'intention des pièces, exclusivement rédigées par elle, témoignent d'une grande exigence et d'une rare clarté de pensée. 

L'année 2008 est marquée par le retour au statut de compagnie indépendante, que Catherine Diverrès nomme Association d'octobre. La première pièce créée après le départ du CCNRB, Encor (2010), est une commande de la Biennale de danse de Lyon dont c'est alors la dernière édition pour son fondateur Guy Darmet. C'est d'ailleurs ce dernier qui lui suggérera ce titre, telle une pirouette actée et symbolique à leurs départs respectifs. 

En 2012 est créé le solo O Senseï, dansé par Catherine Diverrès. Il s'agit d'une commande du CDC-Les Hivernales, que la chorégraphe conçoit en hommage à Kasuo Ohno, mort en 2010. Ce solo constitue actuellement la seule pièce dansée par Catherine Diverrès. La dernière pièce à ce jour date de 2013 : Penthesilée, créée au Théâtre Anne de Bretagne, renoue avec le format de pièce de groupe, en réunissant sur scène une équipe de neuf danseurs. 


Source :  Alice Gervais-Ragu 

Brumachon, Claude

Claude Brumachon est né en 1959, à Rouen. Après avoir suivi les cours aux Beaux-Arts où le dessin l’emmène sur le chemin des corps, il découvre la danse à dix-sept ans avec les Ballets de La Cité dirigés par Catherine Atlani, il y restera deux ans. En 1981, Claude Brumachon rencontre Benjamin Lamarche à Paris, ils commencent aussitôt une recherche commune et originale. Ensemble, ils partent à l’exploration de ce monde nouveau qui s’ouvre par le corps dansant. Claude Brumachon entre 1980 et 1983 travaille avec Chirstine Gérard (La Pierre Fugitive), Karine Saporta ( ) et Brigitte Farges. N’appartenant à aucune école particulière et n’en refusant aucune, Claude et Benjamin scellent leur entente avec un premier duo: Niverolles Duo du col en 1982. Avec leur premier groupe, la compagnie les Rixes en 1984, ils inventent une écriture chorégraphique stylisée véhémente et passionnelle ; un geste acéré, vif, une tendresse tourmentée. Ils s’entourent de danseurs, d’un compositeur, d’une maquilleuse, d’un costumier. Fonder une troupe, la mener vers la création. En quatre ans, le chorégraphe crée dix pièces dont deux majeures (1988) : Texane (primée au concours de Bagnolet) et Le Piédestal des vierges qui imposent leur style à une gestuelle reconnaissable. Elle enchaîne rapidement des séquences de mouvements tranchés, acérés, découpant le corps et l’espace. La réputation du chorégraphe s’installe. En 1989 émerge Folie, de nouveau un très grand succès. Succès qui sera renouvelé 7 ans plus tard, en 1996, avec Icare, solo (présenté au 50ème festival d’Avignon) écrit pour Benjamin Lamarche. Parfois tâtonnant, parfois fonçant, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche imaginent et inventent de nouveaux mondes. Jamais il n’y a entre eux le moindre doute, les doutes sont dans la danse, dans le comment faire, dans l’incessant questionnement du pourquoi ce corps mouvant qui obsède l’esprit. L’enseignement de leur danse se fait avec l’apprentissage, les cours sont là autant pour transmettre ce tout nouveau savoir, que pour l’affiner. Des moments pour unir le groupe sous une gestuelle commune. Comprendre passe aussi par faire comprendre. Expression du désir – passionnel – et de la sensualité débordante parfois au point qu’on a pu la qualifier de violente, leurs pièces sont des récits de l’indicible, des miroirs de mondes intérieurs déchaînés, poussés jusqu’au bout de leur loi. Claude Brumachon et Benjamin Lamarche se font chercheurs de mouvements poétiques et énergiques. Ils créent une danse tour à tour énergique et tourmentée, lyrique et passionnée, élevée et romantique puis terrestre et lourde de sens. Des errances de Molière, ils font avec Histoire d’Argan le visionnaire (2007) un spectacle lumineux et facétieux en hommage à l’artiste. De la société de consommation, ils font un Festin (2004) charnel et sensuel où la proximité éclate au visage du spectateur. Avec Phobos (2007), ils s’aventurent dans les peurs irrationnelles, universelles ou futiles. Claude et Benjamin créent à partir du corps pour le corps avec le corps. Leurs danses sont autant d’histoires de groupes qui se partagent l’espace de vie, que de solitude face au monde. Une recherche autour d’un geste irrationnel qu’ils appellent le geste juste, nécessaire et non gratuit.

Un geste chargé d’une histoire indicible qui devient l’instant-même et dans un constat, parfois amer, offre une vision de l’homme dans sa complexité. Claude Brumachon a signé plus de soixante-dix chorégraphies originales avec ses propres danseurs, des danseurs d’autres ballets français ou étrangers, des écoles et également avec des enfants. Claude Brumachon fut directeur du Centre Chorégraphique National de Nantes de 1992 à 2015 accompagné par Benjamin Lamarche qui fut co-directeur de 1996 à 2015.

Source : Brumachon-Lamarche

En savoir plus :

https://www.brumachon-lamarche.fr/

Bel, Jérôme

Dans ses premières pièces (nom donné par l’auteur, Jérôme Bel, Shirtologie…), Jérôme  Bel applique des opérations structuralistes à la danse pour isoler les  éléments premiers du spectacle théâtral. La neutralisation des critères  formels et la distance prise avec le langage chorégraphique le  conduisent à réduire ses pièces à leur minimum opérant pour mieux faire  émerger une lecture critique de l’économie de la scène, comme du corps  qui s’y produit.

Son intérêt se déplace par la suite de la  danse comme pratique scénique à la question de l’interprète comme  individu particulier. La série des portraits de danseurs (Véronique Doisneau, Cédric Andrieux, Xiao Ke…)  aborde la danse par le récit de ceux·elles qui la font, met en avant la  parole dans un spectacle chorégraphique et impose la question de la  singularité sur scène. La critique formelle et institutionnelle prend  ici la forme d’une déconstruction par le discours, dans un geste  subversif qui radicalise son rapport à la chorégraphie.

Par le recours au biographique, Jérôme  Bel politise ses interrogations, attentif à la crise du sujet dans la  société contemporaine et aux modalités de sa représentation sur scène.  En germe dans The show must go on, il nourrit des interrogations sur ce que peut politiquement le théâtre qui s’affirment à partir de Disabled Theater et de Gala. Proposant  la scène à des interprètes non traditionnel·le·s (amateur·rice·s,  handicapé·e·s moteurs et mentaux·ales, enfants…), il privilégie la  communauté des différences au groupe formaté, le désir de danser à la  chorégraphie, pour mettre en œuvre les moyens d’une émancipation par  l’art.

Depuis 2019, pour des  raisons écologiques, Jérôme Bel et sa compagnie n'utilisent plus l'avion  pour leurs déplacements et c’est avec ce nouveau paradigme que ses  derniers spectacles (Xiao Ke, Laura Pante, Danses pour Wu-Kang Chen…) ont été créés et produits.

Invité lors de biennales d'art  contemporain et dans des institutions muséales (TATE Modern, MoMA,  Documenta 13, Louvre…), il y intervient en présentant des performances  et des films. Deux d’entre eux, Véronique Doisneau et Shirtologie,  font partie des collections du Musée National d’Art Moderne-Centre  Pompidou. Jérôme Bel est régulièrement convié à donner des conférences  dans des universités (Waseda, UCLA, Stanford…). En 2013, il co-signe,  avec le chorégraphe Boris Charmatz, Emails 2009-2010, publié aux Presses du Réel.

En 2005, Jérôme Bel reçoit un Bessie Award pour les représentations de The show must go on à  New York. Trois ans plus tard, il est avec Pichet Klunchun récompensé  par le Prix Routes Princesse Margriet pour la Diversité Culturelle  (Fondation Européenne de la Culture) pour le spectacle Pichet Klunchun and myself. Disabled Theater est  sélectionné en 2013 pour le Theatertreffen à Berlin et reçoit le Prix  suisse de danse « création actuelle de danse ». En 2021, Jérôme Bel et  Wu-Kang Chen ont reçu le Taishin Performing Arts Award pour le spectacle  Danses pour Wu-Kang Chen.

Source : Site de Jérôme Bel

En savoir plus : jeromebel.fr

Charmatz, Boris

Né le 3 janvier 1973 à Chambéry.

Danseur, chorégraphe, mais aussi créateur de  projets expérimentaux comme l’école éphémère Bocal, le Musée de la  danse ou [terrain], institution future sans murs ni toit, Boris Charmatz  soumet la danse à des contraintes formelles qui redéfinissent le champ  de ses possibilités. La scène lui sert de brouillon où jeter concepts et  concentrés organiques, afin d’observer les réactions chimiques, les  intensités et les tensions naissant de leur rencontre.

Après des études à l’école de danse de l’Opéra National de Paris et  au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon, il  crée et interprète avec Dimitri Chamblas À bras-le-corps (1993), pièce charnière encore présentée aujourd’hui et entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra National de Paris en 2017.  
S’ensuivent une série de pièces qui ont fait date dont Aatt enen tionon (1996), herses (une lente introduction)  (1997), Con forts fleuve (1999) ou encore régi   (2006) en parallèle de ses activités d’interprète et d’improvisateur  (notamment avec Médéric Collignon, Anne Teresa De Keersmaeker, Odile  Duboc et Tino Sehgal).

De 2009 à 2018, Boris Charmatz dirige le Centre chorégraphique  national de Rennes et de Bretagne et y déploie le Musée de la danse,  paradoxe tirant sa dynamique de ses propres contradictions, espace  expérimental pour penser, pratiquer, mettre sens-dessus-dessous les  rapports établis entre le public, l’art et ses territoires physiques et  imaginaires. Le Musée de la danse articule le vivant et le réflexif –  art et archive, création et transmission.
Artiste associé de l’édition 2011 du Festival d’Avignon, Boris Charmatz propose Une école d’art, et crée à la Cour d’honneur du Palais des papes enfant,  pièce pour 26 enfants et 9 danseurs, recréée à la Volksbühne Berlin en  2018 avec un groupe d’enfants berlinois. Invité au MoMA (New York) en  2013, il y propose Musée de la danse : Three Collective Gestures,  projet décliné en trois volets et visible durant trois semaines dans  les espaces du musée. Après une première invitation en 2012, Boris  Charmatz est à nouveau présent en 2015 à la Tate Modern (Londres) avec  le projet If Tate Modern was Musée de la danse ?  comprenant des versions inédites des projets chorégraphiques À bras-le-corps, Levée des conflits, manger, Roman Photo, expo zéro et 20 danseurs pour le XXe siècle. La même année, il ouvre la saison danse de l’Opéra National de Paris avec 20 danseurs pour le XXe siècle  et invite 20 danseurs du Ballet à interpréter des solos du siècle  dernier dans les espaces publics du Palais Garnier. En mai 2015, il  propose à Rennes Fous de danse, une invitation à vivre la danse  sous toutes ses formes de midi à minuit. Cette « assemblée  chorégraphique » qui réunit professionnels et amateurs, connaît deux  autres éditions à Rennes (en 2016 et 2018) et d’autres à Brest, Berlin  et Paris (au Festival d’Automne en 2017). Boris Charmatz est artiste  associé de la Volksbühne durant la saison 2017-2018 au cours de laquelle  il présente danse de nuit (2016), 10000 gestes (2017), A Dancer’s Day (2017) et enfant (2018).

Fin 2018, Boris Charmatz quitte le Musée de la danse / Centre  chorégraphique national de Rennes et de Bretagne et crée pour l’occasion  La Ruée au TNB, performance collective inspirée de l’ouvrage Histoire mondiale de la France dirigé par Patrick Boucheron.
En janvier 2019, il lance [terrain], structure implantée en Région  Hauts-de-France et associée au phénix scène nationale de Valenciennes, à  l’Opéra de Lille et à la Maison de la Culture d’Amiens. Boris Charmatz  est également artiste accompagné par Charleroi danse (Belgique) de 2018 à  2022.
À l’été 2019, le Zürcher Theater Spektakel lui donne carte blanche pour investir le site du festival, au bord d’un lac : terrain | Boris Charmatz : Un essai à ciel ouvert. Ein Tanzgrund für Zürich  lance ainsi le premier test du projet terrain, espace vert  chorégraphique où les corps viennent composer une architecture humaine.  Pendant trois semaines, tous les jours, par tous les temps,  échauffements publics, workshops pour enfants, amateurs et  professionnels, performances et symposium sont proposés.
En 2020, le festival d’Automne à Paris présente le Portrait Boris  Charmatz, composé de pièces du répertoire et de nouvelles créations : La Ruée (2018), (sans titre) (2000)  de Tino Sehgal, La Fabrique (2020), Aatt enen tionon  (1996), 20 danseurs pour le XXe siècle et plus encore (2012), boléro 2  (1996) et étrangler le temps (2009), 10000 gestes (2017). Dans ce cadre également, il créée La Ronde   pour l’événement de clôture du Grand Palais, performance collective de  12 heures qui fait l’objet d’un film et d’un documentaire diffusés sur  France Télévision.
Il orchestre, en juin 2021, la performance Happening Tempête, pour l’ouverture du Grand Palais Éphémère. En juillet, il ouvre le Manchester International Festival avec Sea Change,  une création chorégraphique avec 150 danseurs amateurs et  professionnels. En novembre, il crée et interprète SOMNOLE, solo  entièrement sifflé.
En septembre 2022, Boris Charmatz prendra la direction du Tanztheater  Wuppertal Pina Bausch pour y développer, avec [terrain], un nouveau  projet entre la France et l’Allemagne.

Boris Charmatz est l’auteur des ouvrages : Entretenir/à propos d’une danse contemporaine (2003, Centre national de la danse/Les presses du réel) cosigné avec Isabelle Launay ; Je suis une école (2009, Éditions Les Prairies Ordinaires), qui relate l’aventure que fut Bocal ; EMAILS 2009-2010  (2013, ed. Les presses du réel en partenariat avec le Musée de la  danse) cosigné avec Jérôme Bel. En 2017, dans la collection Modern  Dance, le MoMA (Museum of Modem Art, New York) publie la monographie Boris Charmatz,  sous la direction d’Ana Janevski avec la contribution de Gilles Amalvi,  Bojana Cvejić, Tim Etchells, Adrian Heathfield, Catherine Wood...
Ses projets font l’objet de différentes réalisations cinématographiques, parmi lesquelles Les Disparates (2000), réalisation César Vayssié ; Horace-Bénédict  (2001), réalisation Dimitri Chamblas et Aldo Lee ; Une lente introduction  (2007) réalisation Boris Charmatz et Aldo Lee ; Levée (2014) réalisation Boris Charmatz et César Vayssié ; Daytime Movements (2016), réalisation Boris Charmatz et Aernout Mik ; TANZGRUND (2021), réalisation César Vayssié ; étrangler le temps (2021) réalisation Boris Charmatz et Aldo Lee.


Source : Site personnel de Boris Charmatz

En savoir plus : http://www.borischarmatz.org/

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