La dernière fuite
Anne Koren danse ; Frédéric Leidgens écrit ; Daniel Emilfork sommeille et délire à haute voix, prostré dans un fauteuil ; François Verret joue à se laisser fasciner par une poupée de bois qu'il manipule avec circonspection. Le temps est à l'exode. Tous se préparent à fuir devant un péril imaginaire et remplissent une cariole d'objets et de couvertures.
Malgré la puissance d'évocation des images, l'exode, ici, est intérieur et la cariole ne dépassera jamais les murs lépreux du hangar. Tiré de Quel est le secret ?, spectacle que François Verret qualifie de 'résistance', le film se termine sur une mascarade cynique évoquant le théâtre burlesque berlinois d'avant-guerre. Une pièce sombre et prophétique sur l'impuissance et la solitude que le film adapte de la seule manière possible : avec sécheresse et distance. Le spectacle fut donné à Orléans, Aix-en-Provence et Montpellier en 1987.
Source : Patrick Bossatti
Verret, François
Architecte de formation, il découvre la danse en 1975 avec Karine Saporta chez qui il est aussi interprète. Il poursuit sa formation auprès de Susan Buirge et Jacques Patarozzi, tout en commençant ses recherches avec divers partenaires. Après avoir rejoint un an Hideyuki Yano et Elia Wolliaston, il fonde son propre groupe en 1979. Primé à Bagnolet en 1980, il prend très vite ses distances avec les circuits institutionnels de productions et de diffusion pour développer, en marge, des collaborations avec divers artistes : comédiens, musiciens, danseurs, plasticiens, éclairagistes. En 1994, il s'installe dans la banlieue parisienne et ouvre son propre lieu, Les Laboratoires d'Aubervilliers, lieu de recherche et de création qu'il dirige jusqu'en 2000.
Tout en s'appuyant sur de grands textes littéraires (de Goethe à Péguy, Kafka, Melville, Musil ou Faulkner), il reste attaché à l'idée de « chorégraphier le réel » en interrogeant l'espace et les gestes, et privilégie l'expérimentation, les processus. Métaphoriques, ses pièces questionnent le social, le politique ou explore la valeur du travail et la mémoire, l'énigme humaine. Si son travail interroge l'espace public et témoigne d'un fort souci éthique, sa poétique proche de l'univers de Kafka, le porte à concevoir des spectacles aux rouages complexes où corps et machines sont la proie des plus grands dérèglements. Insolites, ses pièces jouent sur le fil de la dérision et réinterrogent la relation au public.
Source : Irène Filiberti, Myriam Blœdé, Dictionnaire de la danse, sous la direction de Philippe Le Moal, Larousse, 2008
En savoir plus :
http://www.compagniefrancoisverret.com/
La dernière fuite
Direction artistique / Conception
:
François Verrons
Chorégraphie
:
François Verret,Yves Turquier
Production / Coproduction de l'œuvre vidéo
:
La Sept, Arcanal, CGP, Lieurac productions, ministère de la Culture (DMD), ministère des Affaires étrangères (Intermédia), TNDI. et, Daniel Emilfork,Anne Koren,Frédéric Leidgens