Kaiju signifie bête étrange ou bête mystérieuse en japonais. Entre danse urbaine, théâtre contemporain, arts plastiques et numériques, Kaiju est une expérience de laboratoire d'inspiration plastique et psychanalytique : dans un dispositif de réalité augmentée, un danseur hip-hop, un graphiste et un plasticien créent et soumettent aux autres leur vision de l'image.
Dans notre quotidien les signes pop et l'information sont partout. Ils sont si nombreux, si instantanés, qu'ils se fondent en une masse informe qui glisse et s'imprègne en nous. Comment cette abondance trouble aujourd'hui nos repères, notre relation aux autres et à nous-mêmes ? Dans une confusion tranquille entre fiction et réalité, nous nous nourrissons de robots héros de Blockbuster, de monstres Mangas, de stars de social network, comment ces images s'immiscent-elles en nous et quels mimétismes induisent-elles, jusque dans nos comportements intimes ? Et inversement, comment viennent-elles absorber ce que nous sommes pour ré-alimenter ce monde d'icônes, de monstres 2.0?
En quête d'identité, nous flottons dans un va-et- vient de l'enfance à l'âge adulte, de l'égo au collectif, du primitif au spirituel, du geste mineur au mouvement fictionnel... Mais quel être mystérieux et monstrueux d'égo, nourri d'images merveilleuses et d'informations en temps réel, est en train de grandir en nous ?
Kaiju convoque la fantasmagorie apocalyptique de Otomo Katsuhiro (Akira), mais cette référence vient aussi alimenter une composition plastique qui travaille sur le clair-obscur, les équilibres du positif et du négatif, la surimpression entre l'image et l'espace. Dans une errance, une zone de frottements, l'image dans Kaiju peu à peu s'immisce partout jusqu'à une ombre géante qui, telle un monstre multiforme et insaisissable, finit par prendre possession des corps et absorber la totalité de l'espace théâtral. Les personnages sur scène semblent alors chercher quelque chose, tenter de donner un sens aux images qui, à la fois les constituent et les assaillent.
Dernière mise à jour : mars 2014