À l’occasion du projet Noureev, nous avons exploré cette figure historique de la danse, emblème de désobéissance et d’audace, en allant rencontrer des adolescents de territoires sensibles, qui n’en avaient jamais entendu parler. Nous avons questionné avec eux l’exil, la désobéissance, le déterminisme, la différence, la projection dans l’avenir, la passion. Nous avons été bouleversés par ces jeunes, souvent habités par le désespoir, confrontés à un sentiment d’échec et de fatalité. Cette matière a nourri le spectacle Noureev. Elle a aussi rendu nécessaire une nouvelle création : Urgence. 

Au cours du processus Noureev, nous avons été invités par la Maison de la Danse / Pôle européen de création – Lyon à rencontrer leur Compagnie Junior. Cette compagnie, composée de jeunes breakeurs issus des quartiers sensibles du territoire, s’est inscrite dans l’histoire de la Maison de la danse en 2015 à l’occasion du projet Babel 8.3 mené par la directrice et chorégraphe Dominique Hervieu. Encore mineurs lors de cette aventure, certains d’entre eux ont nourri grâce à cette expérience, le projet de devenir danseurs professionnels et ont donc entamé une formation. Nous avons découvert chez eux un furieux désir d’émancipation. Nous avons été interpellés par le potentiel de leur danse et de transformation possible à travers elle, par le caractère innovant de leur façon d’être ensemble. 

Nous avons vu chez ces interprètes naissants la force de leur physicalité, de leur langage dansé, et leur potentielle théâtralité. La prise de parole qui se dessinait en écho à leur danse, nous a semblé nécessaire à mettre en scène. La crudité de leurs regards sur la société, et sur leurs parcours nous a semblé percutante. Marwan, Karym, Freddy, Elliot et Mohamed viennent donc d’un quartier sensible de Lyon, et se sont rencontrés enfants en même temps qu’ils ont découvert la danse dans le centre social de leur quartier. Ce sont aujourd’hui de jeunes professionnels que l’éducation artistique a mis sur le chemin d’un métier très éloigné de leur héritage familial, culturel et social. Grâce à leurs chemins d’individus et d’interprètes, nous pouvons porter sur scène avec eux cette urgence de l’émancipation individuelle et collective. Nous pouvons explorer les enjeux de la désobéissance et tout ce qui dans le déterminisme social et culturel propose d’appartenir sagement à sa communauté d’origine, à sa classe sociale, à une étiquette, plutôt que de n’être à soi-même. 

Nous avons imaginé que les jeunes interprètes d’Urgence, issus de minorités encore peu visibles sur nos scènes, pourraient aussi œuvrer pour réconcilier la création audacieuse avec ce public.

Anne Rehbinder & Antoine Colnot
 

Danseur hip hop, Amala Dianor suit en 2000 une formation au CNDC. Il travaille par la suite comme interprète pour des chorégraphes aux univers très différents (hip hop, néo-classique, contemporain et afro-contemporaine) il obtient par la suite une reconnaissance indéniable dans le monde de la danse.

Au cours de ces années, Amala construit son écriture : il passe d’une technique à une autre avec virtuosité, mais c’est la rencontre de ces mondes qui l’attire. Au sein du Collectif C dans C il chorégraphie (ou co-chorégraphie) et interprète ses premières pièces. En 2012 il crée Crossroads (2e et 3e prix concours Reconnaissance) et c’est aussi l’occasion pour lui de monter sa propre compagnie, la compagnie Amala Dianor au sein de laquelle il développe son travail de chorégraphe.

L’année suivante il créé Parallèle un quatuor féminin au Centre National de la Danse. En 2014 il chorégraphie avec BBoy Junior le duo Extension, une rencontre surprenante entre ces deux personnalités du hip hop français. Cette même année il crée et interprète son premier solo, Man Rec, présenté au festival d’Avignon.

En 2015, la compagnie porte un projet régional nommé «Clin d’oeil du temps» destiné à 18 danseurs amateurs en voie de professionnalisation. De ce projet découle la création Overflow co-signée avec Mickael Le Mer, Pierre Bolo et Annabelle Loiseau. Amala est aussi artiste en résidence pour deux ans au Théâtre Louis Aragon à Tremblay-en-France (93).

En 2016, il créé De(s)génération, pièce qui rencontre plusieurs générations de danseurs Hip-Hop et en extrait un trio qui s’inspire de la danse Abstract « New School».

A partir de la saison 2016-2017, Amala Dianor est artiste associé au CDC Pôle Sud à Strasbourg pour une durée de 3 ans, au 104 à Paris, ainsi qu’à la Scènes de Pays dans les Mauges (Maine et Loire).

Source : Site de la Compagnie Amala Dianor

En savoir plus : amaladianor.com