La danse serpentine - Loïe Fuller
Avec son jeu de lumières et de voiles, on peut dire que la première chorégraphe danseuse à utiliser des accessoires fut Loïe Fuller. Elle fut l’une des reines de la Belle Époque et la première artiste moderne à se produire en solo en marge des ballets classiques et des spectacles de revue. Loïe Fuller développa une danse très personnelle à partir d’un genre répandu à l’époque sur les scènes du Music Hall : la Skirt Dance. Elle s’affranchit des codes- et invente en quelque sorte la performance multimédia.
Dans sa Danse serpentine, le corps de la danseuse se perd au profit des mouvements ondoyants créés par le jeu des voiles et par les effets de miroir et de couleurs des projections de lumière. Elle éblouit les plus grands et inspira les Symbolistes et les artistes de l’Art Nouveau.
Parade – Serge de Diaghilev
Au cours des années 20, la rencontre entre les arts plastiques et les arts de la scène influença fortement l’écriture chorégraphique. Les mouvements durent être adaptés à la réalité physique des costumes et des accessoires. Dans la célèbre pièce des Ballets Russes, Parade, la danse de chacun des personnages est influencée par le costume ou l’accessoire porté. Jean Cocteau, auteur du livret rappelle à ce propos que les costumes et décors imaginés par Pablo Picasso ont obligé Léonide Massine « à rompre avec l’ancienne formule ». Parade est d’ailleurs souvent présenté comme le premier ballet moderne.
La danse des bananes - Joséphine Baker
Au cœur des années folles, Joséphine Baker, figure de proue de la Revue Nègre, donna lieu à un engouement nouveau pour tout ce qui renvoyait à l’Art Nègre. Sous ses airs facétieux et avec sa ceinture de bananes désopilante, mêlant jazz, charleston et danses primitives, Joséphine Baker bouleversa par son accoutrement tous les poncifs de ce milieu de 20ème siècle a la fois fasciné par l’exotisme et mal à l’aise avec tout ce qui sortait de la culture européenne.
Sanctum et Imago – Alwin Nikolaïs
Dans les années 50 et 60, Alwin Nikolaïs expérimenta les corps et l’espace scénique. Pour servir son concept de théâtre total, il crée lui-même ses musiques, décors et lumières et utilisa beaucoup les masques et accessoires : « les masques pour que le danseur devienne quelque chose d’autre » disait-il « et les accessoires pour pousser sa taille physique plus loin dans l’espace. ». Un critique américain disait : « Chez Nikolaïs, les danseurs accessoirisent et les accessoires dansent. »
100% polyester, objet dansant n°(à définir) – Christian Rizzo
Aujourd’hui, les chorégraphes contemporains continuent d’expérimenter ces objets dansants, qui deviennent alors de véritables partenaires de création. Ces artistes sont souvent à la croisée des arts du cirque, des arts de l’installation et de la danse contemporaine. Ils détournent les accessoires de l’usage uniquement performatif qui leur était réservé jusqu’alors pour les emmener vers une poésie du vertige et de la grâce.
100% polyester, objet dansant n°(à définir), un petit bijou poétique concocté par Christian Rizzo et Cathy Olive, fait danser l’accessoire. C’est le vent venu des ventilateurs posés sur scène qui permet à deux tuniques de s’enlacer, de tourner et de s’incarner par le mouvement éolien. Issu d’une formation en arts plastiques et en stylisme, Christian Rizzo fusionne les arts de l’installation et de la performance et met en scène aussi bien des artistes que des objets.
Cavale - Yoann Bourgeois
Yoann Bourgeois, chorégraphe, jongleur, et joueur, s’amuse de l’instabilité du corps et des objets et revendique une « esthétique du risque » faite de jeux de vertige. Dans Cavale, il met en scène un socle /trampoline, un escalier, deux danseurs et le déséquilibre tout juste situé entre la chute et la suspension. Les accessoires sont un prétexte à l’élan, au point de suspension, au contrepoint musical.
Une pièce mécanique - Geisha Fontaine et Pierre Cottreau
Geisha Fontaine et Pierre Cottreau sont friands de toutes sortes de détournement des codes. Le spectacle intitulé Une pièce mécanique réunit sur scène deux danseurs et un corps de ballet mécanique composés de 25 sculptures mobiles.
Danseurs et objets sont ici sujets et matières de la danse. Cette danse faite de programmation informatique, de mathématiques et de géométrie, amène les interprètes humains à se métamorphoser au contact des mécaniques. La composition, entre humains et objets, renvoie alors à un dispositif poétique inédit. Et du virtuel au vivant, l’émotion persiste.