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Étranges spectacles

2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien

Chorégraphe(s) : Nikolaïs, Alwin (United States) Chopinot, Régine (France) Robbe, Hervé (France) Brown, Trisha (United States) Larrieu, Daniel (France) Charmatz, Boris (France) Bourgeois, Yoann (France) Nadj, Josef (Hungary) Petton, Luc (France)

en fr
04:00

Crucible

Nikolaïs, Alwin (United States)

Numeridanse 1985 - Réalisateur-rice : Louis, Murray

Chorégraphe(s) : Nikolaïs, Alwin (United States)

Producteur vidéo : Pro Arts International

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14:54

KOK

Chopinot, Régine (France)

CN D - Centre national de la danse 1989 - Réalisateur-rice : Chopinot, Régine

Chorégraphe(s) : Chopinot, Régine (France)

Producteur vidéo : ARP, Compagnie Chopinot (CC Poitou-Charentes)

Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin

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05:37

Planes

Brown, Trisha (France)

CN D - Centre national de la danse 2012 - Réalisateur-rice : Centre national de la danse, Réalisation

Chorégraphe(s) : Brown, Trisha (United States)

Producteur vidéo : Centre national de la danse

Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin

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05:00

La Danseuse malade

Charmatz, Boris (France)

07:10

Fugue / Trampoline

Bourgeois, Yoann (France)

22:06

Les Corbeaux

Nadj, Josef (France)

01:51

The spectator's moment (2015): Luc Petton

Petton, Luc (France)

Étranges spectacles

2018 - Réalisateur-rice : Plasson, Fabien

Chorégraphe(s) : Nikolaïs, Alwin (United States) Chopinot, Régine (France) Robbe, Hervé (France) Brown, Trisha (United States) Larrieu, Daniel (France) Charmatz, Boris (France) Bourgeois, Yoann (France) Nadj, Josef (Hungary) Petton, Luc (France)

Auteur : Centre national de la danse

en fr

Découvrir

  

Un spectacle de danse réunit des danseurs et des spectateurs en utilisant généralement de la musique, des lumières, des costumes, une scénographie. D’autres éléments peuvent s’ajouter : musiciens qui jouent en live, vidéo, technologies interactives, texte, installation plastique…

En danse contemporaine, le spectacle et la représentation chorégraphiques ont pris de multiples formes. Dans la lignée des avant-gardes des années 1920 et de la danse américaine des années 1960, de nombreux chorégraphes contemporains réinventent la notion même de spectacle et celle de représentation en jouant sur leurs différentes composantes. Ils expérimentent de nouveaux rapports à la scène, remettent en cause plusieurs données du spectacle et s’immergent dans de nouvelles pratiques.

Depuis une quarantaine d’années, les frontières de ce qu’est la « danse » ne cessent d’être repoussées, selon un phénomène également observable dans les autres arts. D’« étranges spectacles » apparaissent. 

Ce théma propose une sélection vidéo permettant de visiter l’univers particulier de quelques spectacles atypiques, par leur dispositif scénographique ou visuel (Crucible, KOK), par leur dimension « multimédia » (Mutating score), parce qu’ils se produisent dans des lieux inhabituels (Waterproof) ou sur des surfaces étonnantes (Planes), ou bien encore parce qu’il mettent en situation d’étranges interprètes, pas tout à fait danseurs (Cavale, Les Corbeaux) ou font danser… un camion, comme dans La Danseuse malade.

Description

  

1. Étranges dispositifs


Crucible - Alwin Nikolaïs

Le chorégraphe Alwin Nikolaïs (1910-1993) a fréquemment mis en place des dispositifs scéniques permettant de renouveler la dimension visuelle de la danse : longs rubans élastiques qui tissent l’espace du plateau en une immense toile d’araignée mouvante, costumes et accessoires qui altèrent la forme du corps du danseur, projection de diapositives créant des illusions d’optique… Dans Crucible, le spectateur ne voit qu’une partie du corps des danseurs qui se reflète dans un miroir placé à l’horizontale. Un doigt redoublé par son reflet devient ainsi une forme bizarre, de même qu’un bras ou une jambe. Surgissent ainsi de multiples créatures qui s’animent, dialoguent et créent un univers loufoque. Le spectacle se situe ainsi aux confins de la danse, des jeux de miroir chers à l’époque de la Renaissance et de l’art cinétique.


KOK - Régine Chopinot

C’est le monde de la boxe qui a inspiré KOK. Sur un ring tournant, cinq interprètes recréent un drôle de combat. Les quatre boxeurs-danseurs et un arbitre-comédien dansent leur affrontement, de façon burlesque. Ils sont dans un réel engagement physique tout en jouant avec des règles qu’ils détournent résolument. La chorégraphe Régine Chopinot affine son écriture chorégraphique en fonction de la forme carrée du ring et de son espace plus restreint que l’espace scénique habituel. La chorégraphie est nourrie des mouvements et des situations de la boxe dans une double parodie : celle du sport et celle de la danse. 


Mutating Score - Hervé Robbe

D’autres chorégraphes, nombreux, ont souhaité utiliser les nouvelles technologies dans leurs créations. Hervé Robbe a imaginé Mutating Score « comme un projet chorégraphique hybride présenté sous la forme d’un dispositif traversé par le public ». Son processus d’écriture « interroge les relations possibles entre la danse, la musique, l’image et les outils technologiques ». Dans le spectacle, les images sont fabriquées en temps réel et le spectateur est placé à l’intérieur du dispositif mis en œuvre. Les actions effectuées dans un « temps réel technologique » interrogent le réel de la danse et le virtuel de l’image. En outre, ce qui advient est sujet à variation ; la « représentation » devient ainsi une nouvelle présentation, à chaque fois unique, de qui a été préalablement conçu.


Planes - Trisha Brown

Dans Planes, l’espace théâtral tend à devenir vertical ! « Trois danseurs arpentent la surface d’un mur dans un mouvement au ralenti, donnant l’illusion de chuter dans l’espace » précise Trisha Brown à propos de cette création[1]. Un mur, percé de trous, constitue en effet l’espace scénique sur lequel est aussi projeté un film composé d’images aériennes. Jud Yalkut, la réalisatrice du film, a cherché à « concevoir l’espace théâtral comme un tunnel vertical où les rangées de fauteuils du public sont suspendues sur un plan vertical ». Planes décale la perception des repères spatiaux en modifiant les appuis du mouvement et du regard que l’on porte sur lui. 


Waterproof - Daniel Larrieu

Les danseurs rêvent souvent d’air, d’Icare et d’envol. Mais ils aiment aussi tomber à l’eau, plonger et flotter. Daniel Larrieu crée Waterproof pour une piscine. Les danseurs évoluent dans l’eau, à sa surface et au bord du bassin. C’est une véritable gageure physique pour eux. Des caméras captent ce qui se passe sous l’eau et les spectateurs assistent à un spectacle insolite où le poisson fait des pirouettes, le danseur active ses branchies et le remous a du rythme. En un sens, cette chorégraphie reprend et décale le ballet nautique des comédies musicales américaines. Mais Waterproof est aussi « une pièce aux sonorités de guerre, de lutte, de combat, ici avec l’élément liquide, une manière de respirer, de prendre de l’air, de conduire le mouvement ». Cette création se situe aussi dans « une période particulière de la danse contemporaine française qui s’approprie des lieux publics et les transforme en lieux de représentations. Travailler intensément en milieu aquatique conduit à l’expérimentation de champs inhabituels, et à la découverte d’un autre usage des sens, d’un autre mouvement. »[2]


La Danseuse malade - Boris Charmatz

Imaginons un camion sur une scène. C’est presque normal ! Mais si le camion se met à virevolter, une star des écrans de cinéma à le conduire frénétiquement et un danseur à s’en trouver catapulté, cela devient La Danseuse malade. Boris Charmatz imagine ici une création avec l’actrice Jeanne Balibar. À un moment, ce qui se passe à l’intérieur du camion est filmé en direct et projeté sur l’extérieur du véhicule. C’est une scène étonnante où l’on peut voir simultanément le contenant et le contenu. Le camion zigzague sur la scène et l’image de Boris Charmatz dansant suit de manière très virtuose le parcours du camion comme si nous pouvions voir à travers les parois mobiles. Le chorégraphe s’est appuyé sur des textes de Tatsumi Hijikata, l’un des fondateurs de la danse butô, les proférant sans pour autant les illustrer. « Que la force de ses écrits, qui doivent être comme donnés à lire, nous laisse libres dans le geste même de les porter »[3] précise le chorégraphe. Il en résulte un spectacle curieux, qui fait penser à un autre camion, celui du film de Marguerite Duras où la star était Gérard Depardieu, l’écrivain sa protagoniste, et le camion un outil de déplacements multiples[4]. La rencontre improbable de mondes différents, tel est aussi l’enjeu de la création contemporaine.


2. Étranges interprètes

Cavale - Yoann Bourgeois

Les interprètes sont la substantifique moelle de toute création chorégraphique. Quand ils sont issus d’un autre champ que celui de la danse, ils apportent d’autres techniques et d’autres mises en jeu. Dans Cavale, le circassien Yoann Bourgeois traite de la chute, du rebond et de l’envol. La chute est l’un des mouvements que la danse contemporaine a promu. Mais lorsqu’une surface élastique remplace le plancher et fait rebondir l’interprète, la chute se prolonge par des suspensions étonnantes et une reprise de la verticalité différente. « Ce duo avec Mathurin Bolze suscite, par le vertige, une dimension éternelle de l'éphémère. »[5] De nombreux spectacles chorégraphiques font appel à des interprètes dont la pratique physique ne relève pas seulement de la danse – tel Yoann Bourgeois, cet « acrobate, acteur, jongleur, danseur, mais avant tout joueur »[6].


Les Corbeaux - Josef Nadj

La polyvalence des créateurs est infinie ! Dans Les Corbeaux, le chorégraphe Josef Nadj danse, dessine, peint, joue avec des matières. Parfois, il fait aussi des sons avec son complice musicien Akosh Szelevényi. Les deux interprètes s’inspirent des corbeaux dans une performance où la dimension physique de la peinture et de l’interprétation musicale résonne avec la dimension plastique de la danse. À un moment, Josef Nadj s’enduit le nez de peinture noire et son nez évoque alors un bec d’oiseau. Mais ce dernier devient ensuite une sorte de pinceau qui permet au chorégraphe de dessiner un motif sur une large feuille de papier blanc. Cette création questionne la trace, voulue ou non, humaine ou animale, lisible ou indéchiffrable. Elle est à la fois une proposition de danse, un concert en live et une performance plastique. 


La minute du spectateur - Luc Petton

Les interprètes des spectacles de danse sont généralement des danseurs, mais aussi des pseudo boxeurs, des comédiens, des circassiens, des sculptures mobiles, un camion, etc. Ils peuvent être aussi des oiseaux – des vrais. C’est le cas avec le danseur Luc Petton, un passionné d’ornithologie qui a aussi chorégraphié, en 1999, pour des champions du monde de karaté, avec sa pièce Polemos – du duel au duo. Désormais, il travaille au corps le rêve d’envol du danseur en le confrontant à la réalité de l’oiseau. L’un vole et l’autre non ; alors le danseur devient la branche, l’appui et surtout le complice de l’animal. Dans La confidence des oiseaux, trente oiseaux (des geais, des étourneaux, des pies et des corneilles) dansent avec quatre danseurs. Dans Swan, ce sont des cygnes qui sont les partenaires. Que la danse est donc volatile !

    

[1] Présentation de Planes (1968) - www.trishabrowncompany.org (traduction G. Fontaine).


[2] Présentation de Waterproof - www.daniellarrieu.com


[3] Présentation de La danseuse malade - www.borischarmatz.org


[4] Le Camion, film réalisé par Marguerite Duras en 1977.


[5] www.cieyoannbourgeois.fr


[6] Ibidem

Auteur

Le Centre national de la danse (CN D) est un centre d’art pour la danse. C’est une institution dépendant du ministère de la Culture et de la Communication français et dévolu à la danse sous tous ses aspects : la promotion de spectacles et de chorégraphes, la diffusion de la culture chorégraphique, la création artistique, et la pédagogie.

Générique

Sélection des extraits
 Centre national de la danse
 

Textes

Centre national de la danse
 

Production
 Maison de la Danse


  

Le Parcours "Étranges spectacles" a pu voir le jour grâce au soutien du Secrétariat général du Ministère de la Culture et de la Communication - Service de la Coordination des politiques Culturelles et de l'Innovation (SCPCI) 

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