Entrelacs
2011 - Réalisateur-rice : Centre national de la danse, Réalisation
Chorégraphe(s) : Hoche, Lionel (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse , CN D - Spectacles et performances
Producteur vidéo : Centre national de la danse
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin
Entrelacs
2011 - Réalisateur-rice : Centre national de la danse, Réalisation
Chorégraphe(s) : Hoche, Lionel (France)
Présentée dans la/les collection(s) : Centre national de la danse , CN D - Spectacles et performances
Producteur vidéo : Centre national de la danse
Vidéo intégrale disponible au CND de Pantin
Entrelacs
« Aux trois coups de minuit, tous les chats sont gris.
on entend dans les bois lointains des hallalis.
dos fuyants dans les forêts cathédrales.
sous la lune rousse, c'est la promenade des spectres.
du long fleuve noir remonte la blanche Ophélie.
ce soir, gardez l'œil sur vos ombres, l'au-delà est de sortie. »
Pour Lionel Hoche, le théâtre demeure ce lieu où, dans le sillage de l'Orestie et d'Hamlet, les revenants sont convoqués pour inquiéter ou orienter les vivants. Mais, en enfant de la modernité, c'est avec les souvenirs mêlés du cinéma et de la littérature fantastique qu'il offre à son théâtre d'illusions de nouvelles chimères. Ces figures de fantômes, il sait qu'elles sont toujours et déjà les revenants de figures plus anciennes, immémoriales, et qu'elles ressuscitent à chaque époque pour nous parler encore et toujours d'éternité, où le temps, paraît-il, est fort long. C'est pourquoi, à ce singulier bal des vampires, on croisera autant de spectres familiers que de nouvelles créatures : une Ophélie sauvée des eaux, des jumelles façon « Shining », un Nosferatu fuyant son ombre, des succubes riant sur les âmes endormies, comme dans un cauchemar de Füssli chanté par un groupe de rock gothique...
Ces figures composites, qui ne sont que les facettes éclatées d'un même corps, évoluent dans une suite kaléidoscopique de tableaux qui sont autant de flash-back et de déjà vu. Sous les caprices du rêve, il y a toujours la logique souterraine d'un retour …
« Entrelacs » est une pièce qui tente un alliage, une alchimie singulière : déplacer les codes et les ingrédients du genre fantastique dans le champ chorégraphique.
Sur le plateau, cinq danseurs multiplient les avatars et les ombres, dans une écriture chorégraphique de la hantise et de la manipulation, du double et du contraire. Dans un univers scénographique en noir et blanc, où toutes les dimensions sont renversées, aussi bien le haut et le bas que l'avant et l'après, le dispositif vidéo interactif de Thierry Fournier règle le jeu des apparitions spectrales. Ainsi dédoublée, hantée par sa propre trace lumineuse, la danse emporte les corps dans un miroitement entre le visible et l'invisible, la réalité et l'illusion. Sur une bande-son en forme de leçons de ténèbres (partitions d'orgue de Michaël Levinas et Arvo Pärt jouées en direct, chansons du groupe Bauhaus...), les danseurs revisitent les figures d'un imaginaire, s'autorisant la citation, le clin d'œil et l'humour, pour en produire de nouvelles formes d'apparitions, incarner de nouveaux revenants...
Comme c'était déjà le cas dans nombre des pièces précédentes de Lionel Hoche, « Entrelacs » est plus que jamais l'affirmation d'un théâtre de l'illusion, d'une danse d'images, d'un rapport ludique aux signes, et de l'invention de rituels poétiques. Une manière de faire un peu de lumière dans l'invisible.
Dernière mise à jour : septembre 2011
Hoche, Lionel
Lionel Hoche est un homme de vocabulaire, chorégraphique s'entend. De par son parcours, qui commence par l'Opéra de Paris avant de finir chez Daniel Larrieu avec un détour par Jiri Kylian, il accumule des savoir- faire et des techniques fort différentes dont il tirera une gestuelle très personnelle.
Chorégraphe depuis 1988, il approfondit son écriture, à la fois fine et vigoureuse et crée sa compagnie MéMé BaNjO en 1992. Ses interprètes sont aussi disparates que passionnants : on y verra passer pêle-mêle les chorégraphes contemporains Alain Buffard, Cécile Proust, Alvaro Morell ou Cyrill Davy, Christophe Wavelet, devenu depuis journaliste et théoricien, et des danseurs classiques d'un niveau remarquable.
Ses chorégraphies sont d'un périlleux équilibre : du " contact-improvisation " qui se glisse dans les pas les plus académiques, du contemporain qui vient pervertir l'implacable beauté d'un ensemble tiré au cordeau, et une torsion du geste qui induit une sorte de courbure de l'espace et n'appartient qu'à lui. Profondément humanistes, ses pièces recèlent une forme d'humour fait d'ironie affectueuse pour ses congénères. Ce qu'il cherche, de chorégraphie en chorégraphie, pourrait s'appeler grandeur et décadence du danseur. En effet, sa gestuelle n'est pas exempte d'une grandeur toute classique ni d'une animalité assez sauvage qui vient heureusement dévoyer des mouvements extrêmement mesurés, sinon calculés. Parfois, la chorégraphie a des langueurs de sérail : lignes sinueuses, méandres de bras aux arrondis sensuels, cambrés suggestifs... Parfois, la dureté et la rigueur d'une géométrie inexorable qui aligne des pas d'un austère éclat.
Ainsi, au coeur d'une même oeuvre Lionel Hoche fait entrapercevoir simultanément une vision d'un corps glorieux et triomphant qui soudain périclite et laisse découvrir une humanité organique et harassée, voire d'un érotisme troublant. En ce sens, il a su inventer un vrai renouveau du vocabulaire classique en prenant des chemins de traverse plutôt inattendus. C'est probablement pourquoi nombre de ballets s'assurent la collaboration de ce chorégraphe auquel l'importance d'une grande compagnie ne fait pas peur, au point que Daniel Larrieu le choisira comme assistant pour travailler à l'Opéra de Paris, avant qu'il ne se lance lui-même dans l'aventure en y créant Yamm. Il sait composer des danses de groupes énergiques et fluides, d'une symétrie subtilement falsifiée, et de brillants solos à l'élégance typiquement française mettant en valeur les qualités d'interprètes de haut niveau.
Par ailleurs, Lionel Hoche a su s'assurer de palpitantes collaborations scénographiques et musicales, d'une grande liberté de ton. Son regard aigu, très au fait des avant-gardes picturales lui permettent de choisir avec discernement des peintres de talent. Ces oeuvres plastiques apportent à ses pièces un cachet très graphique, transformant le fait chorégraphique en une sorte de mobile animé particulièrement attractif. Quant à la musique, l'éclectisme de ses choix qui peuvent allier à la techno le désuet d'une valse un peu désaccordée, son goût pour des instruments étranges ou inusités donnent à toutes ses chorégraphies une saveur douce amère qui perturbe aimablement la perception d'un public qui finit par ne plus savoir... sur quel pied danser !
Agnès Izrine
Source : Compagnei Mémé Banjo
En savoir plus : www.memebanjo.com
Centre national de la danse, Réalisation
Depuis 2001, le Centre national de la danse (CND) réalise des captations de ses programmations de spectacle et de pédagogie et crée des ressources à partir de ces représentations filmées (interviews, conférences dansées, rencontres avec des artistes, démonstrations, grandes leçons, colloques spécialisés, montages thématiques, etc.).
Entrelacs
Chorégraphie : Lionel Hoche
Interprétation : Céline Debyser, Vinciane Gombrowicz, Lauriane Madelaine, Quentin Baguet, Romain Cappello, Cyril Geeroms, Lionel Hoche
Scénographie : Lionel Hoche - Conseil à la scénographie Mathieu Bouvier
Musique live : Orgue : Adam Vidovic
Musique additionnelle : BAUHAUS, Maurice Duruflé, Michaël Levinas, Olivier Messiaen, Arvo Pärt
Conception vidéo : Thierry Fournier
Lumières : Laurent Schneegans
Costumes : Lazare Garcin - Stylisme Aymeric Bergada du Cadet
Durée : 60 minutes
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