Pygmés Aka
La danse occupe la fonction indissociable des événements socioculturels de la communauté chez les pygmées Aka. Elle accompagne l’inauguration des nouveaux campements, les grandes chasses ou les funérailles, et assure un rôle essentiel pour la cohésion du groupe.
Le geste est avant tout celui du chasseur, du paysan, du guerrier, pas celui du danseur. La notion d’esthétique n’est que très peu convoquée, un bon interprète étant essentiellement un interprète endurant qui met son énergie au service de la structuration de la vie sociale.
[R]Evolutions
La ronde est à la fois expression des sens et de la volonté : le plaisir ou l’extase de chacun sont soumis à la volonté du groupe tout entier.
C’est cette mécanique qui est à l’œuvre dans le Rond de Saint-Vincent, popularisé dans les années 90 avec le développement des festnoz. Le Rond de Saint-Vincent, pratiqué désormais bien au-delà des limites de la Bretagne, reprend les pas des paysans, leur piétinement tout particulièrement, et ce constant jeu de va et vient entre pied droit et pied gauche.
Entrée d’Apollon
Qu’advient-il de la ronde lorsque la pulsion collective cède sous la pression de l’esprit qui prétend la représenter ? Bien plus que l’expression d’un goût, la danse est pour le jeune Louis XIV l’une des manifestations de son état de roi. Comme on le voit dans l’Entrée d’Apollon, le Prince fait plus que danser, il se donne à voir et s’expose de manière frontale à une assemblée sur laquelle il entend bien rayonner. L’art de la danse passe par l’organisation des pas, la hiérarchisation des ensembles, la composition des variations selon une logique de corps de ballet avec ses interprètes solistes, ses sujets, petits sujets… L’art chorégraphique devient une affaire d’état et de la représentation qu’on souhaite en donner.
Le Sacre du Printemps
Dans le Sacre du Printemps, rituel chorégraphique, Vaslav Nijinsky met en scène une organisation communautaire dont le cercle et la ronde sont les fondements.
La danse se développe en permanence autour d’un centre moteur et se soucie peu ou pas de l’en dehors. Pour autant, la danse de l’Elue reprend et condense l’ensemble des gestes de la communauté pour les disperser dans l’espace jusqu’à épuisement. Elle fait imploser la ronde une fois pour toutes et ouvre sur un monde sans contours.
D’Après une Histoire Vraie
Dans la pièce de Christian Rizzo, D’Après une Histoire Vraie, il s'agit également d'accomplir collectivement un rite en public mais, à la différence du Sacre, aucune élue ne viendra troubler l'explosion communautaire à l'œuvre sur le plateau. La ronde hante tout le spectacle, esquissée le plus souvent, défaite aussitôt car il ne s'agit pas pour Christian Rizzo d'exhumer les formes folkloriques pour les revitaliser mais d'imaginer de nouveaux gestes "premiers" qui, au-delà des cultures et des codes, nourrissent une nouvelle tradition contemporaine.