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Chez Fouad Boussouf, chorégraphe et danseur franco-marocain, il est souvent question de mémoires, de souvenirs, de traces. Sur scène, il convoque des poèmes, des textes, des chants, des artistes, qui ont marqué son enfance ou son parcours. Il en livre à chaque fois une lecture renouvelée en les confrontant au vocabulaire hip-hop, à la force du collectif ou aux rythmes électro pour créer un nouvel ailleurs. Les pièces de son dernier triptyque Transe (2013), Näss (2018) et Oüm (2020) témoignent toutes d'un désir de métissage.

CHORÉGRAPHIER DES MÉMOIRES

1. Du Maroc à la France, un dialogue permanent

Né au Maroc entre Fes et Meknès, Fouad Boussouf arrive en France en 1983 à l'âge de 7 ans. Depuis il ne cessera d'entretenir le lien entre ces deux cultures. Il entre dans la danse par le hip-hop dans les années 1990. A 20 ans, il s'installe à Paris pour ses études. A cette époque, la danse prend de plus en plus de place dans sa vie, il rencontre des artistes, se forme et transmet auprès de jeunes dans des centres sociaux ou MJC en région parisienne. Dans le même temps, il termine son mémoire en sciences sociales intitulé : « La danse hip hop, repli identitaire ou facteur d'intégration sociale ? Le cas des maghrébins ». 

Fouad Boussouf interviewé par Café More

Fouad Boussouf a créé sa compagnie Massala en 2010 dans le Val-de-Marne et s'est constitué un solide réseau de partenaires culturels en France, mais aussi à l'étranger et notamment au Maroc. Il a toujours souhaité créer une partie de ses spectacles dans son pays natal et confronter ses danseurs et son équipe artistique à l'énergie du Maghreb. Les résidences au Maroc sont de « véritables opportunités pour faire rencontrer ma terre d’origine à mes équipes, pour qu’ils cernent d’où provient mon inspiration et la poésie qui en découle. C’est aussi et toujours l’occasion de me nourrir de cette atmosphère si particulière au Maroc, via la langue, la musique, l’architecture, les gens ». (Fouad Boussouf)

All We Can Do is Dance & Fouad Boussouf


2. Un triptyque pour raconter la mémoire du monde arabe

Après Transe en 2013 et Näss en 2018, Fouad Boussouf clôt avec Oüm en 2020 une trilogie consacrée au monde arabe. Les grands bouleversements depuis plusieurs décennies dans cette région résonnent avec les souvenirs personnels du chorégraphe, teintés de musiques et de danses traditionnelles. Il poursuit une recherche sur une danse physique, tribale, où les corps sont poussés jusqu’à l’épuisement, à la manière de la transe répétitive, méditative, objet récurrent de son travail. 

TRANSE, pièce pour 7 Transeurs - Fouad Boussouf

« Je me suis inspiré des rites d’Afrique du Nord et de la gestuelle contemplative des derviches. La transe, cet état second qui nous déplace vers un ailleurs... »

Transe est créée en 2013 à la suite des « printemps arabes ». Reprise en avril 2016 à Ramallah, la pièce mêle la poésie de Mahmoud Darwich à un rituel organique collectif qui confine à l’extase. La poussée continue de l’entité de départ est portée par une musique puissante, qui mêle électronique et mélodies arabes classiques. 

Näss

Maison de la danse 2021

Chorégraphe(s) : Boussouf, Fouad (France)

« Les références textuelles m’accompagnent dans chacune de mes créations et le titre de Näss — les gens, en arabe — est une référence directe à Nass el Ghiwane. » 



Näss rend donc chorégraphiquement hommage au groupe musical Nass el Ghiwane, qui, dans les années 70, fusionnait tradition subsaharienne, chant gnawa, sonorités électriques et pop anglo-saxonne.

La compagnie Massala réécrit ce passé récent en le stylisant, grâce au vocabulaire et à son art consommé du hip hop. Par exemple, les gestes d’invocation et de supplication deviennent ici mouvements de danse pure.



« J’ai composé Näss comme un souffle, à la fois physique et mystique, qui me rappelle la nécessité d’être solidement ancré à sa terre pour mieux en sentir ses vibrations. » 

Oüm

Maison de la danse 2021

Chorégraphe(s) : Boussouf, Fouad (France)

Oüm rend hommage à la rencontre – à mille ans d’écart – entre la diva égyptienne Oum Kalthoum et le poète persan Omar Khayyam.

Très présentes dans le paysage sonore de son enfance, les chansons d’Oum Kalthoum l’accompagnent partout. Cette voix, cette émotion poétique et musicale, ces sentiments – des plus intériorisés aux plus exacerbés – lui deviennent familiers.


En s’intéressant plus tard au sens de ses textes, il découvre les Quatrains d’Omar Khayyam, poète persan du 11e siècle. Véritable ode au présent, ce poème puise sa force dans le rapport au plaisir, à la délectation, à l'exaltation et à l'amour.

Ces sentiments et états inspirent au chorégraphe la création de cette pièce. Sur le plateau, et notamment grâce à la musique live, les corps des interprètes donnent vie à une transe intemporelle où chant, poésie, danse et musique s’unissent pour célébrer le temps présent.

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