« Charlène Sorin essaie de s'occuper de son corps de sa tête de ses dents et des gens autour. Elle écrit parfois elle dessine parfois et parfois elle essaie de ne rien faire du tout. Elle y arrive souvent. Elle n'arrive pas à ne rien faire trop longtemps alors elle occupe son corps sa tête ses dents. Elle a fait de l'architecture elle a arrêté l'architecture elle a fait du piano elle a arrêté le piano elle a fait de la guitare elle a arrêté la guitare elle a fait du violoncelle elle a arrêté le violoncelle elle a fait du violon elle a arrêté le violon elle a fait les Beaux Arts et elle fait maintenant des essais en danse elle ne sait pas encore quand ça s'arrêtera. Elle a aimé elle a cessé d'aimer mais elle ne veut pas y croire elle se ment tout le temps. Elle n’aime pas la question et qu'est ce que tu vas faire après? Elle aime profondément le silence profond. Elle est née en 1984 à six mois et demi à Senlis elle avait pris un peu d'avance maintenant elle prend le temps.

Sortir de ses gonds laisser échapper tous les fantômes faire émerger des figures se tenir au bord de soi prendre plaisir prendre tristesse abandonner et devenir qui? Être là où on est ne rien faire de plus rien faire se dévoiler se masquer se dévisager s'envisager dans se donner de l'espace ouvrir des espaces y respirer y prendre le temps sans compter tomber ne pas se relever enfoncer sa tête dans un pull glisser en haut d'un escalier tout tourne et tout va faire voyager sa gueule de bois emprunter des mots écouter une voix un rythme un chant intérieur chanter une chanson d'amour aimer sans compter avec le temps sans compter ne pas avoir peur d'être sentimentale d'être bouleverser montrer ses dents peut être jusqu'à la glotte arrêter de se dire à quoi bon être dans l'engagement du désengagement s'engager avec ferveur et courage défier faire peur menacer brandir une hache faire grincer des dents partager l'instant se laisser surprendre ne pas être sûr de ce que l'on voit de ce que l'on entend ce que l’on met de soi dans l’autre et ce que l’autre me met dedans y prendre goût se mouvoir sans savoir comment se laisser mouvoir être supporté par l'air par les fantômes dans l'air ne pas croire un instant aux fantômes ne pas faire semblant mais de quoi? »

Source : texte de Charlène Sorin pour l’École ouverte 3

Cette pièce a été présentée le 15 décembre 2009 lors de la soirée de l’École ouverte 3 au théâtre Le Quai (Angers).

Distribution :

chorégraphie et interprétation

Charlène Sorin, étudiante de la promotion Essais 3 de l’école supérieure du CNDC (Angers)

participation

Ruben Tiago Soares

production

CNDC (Angers)

Deux formations sont proposées par le CNDC sous la direction d’Emmanuelle Huynh (2004-2012) : la Formation d’Artiste Chorégraphique en deux ans et la formation Essais (d’abord en un an puis en deux ans).

Essais est une formation expérimentale qui tente des points de vue et des orientations fortes en lien avec l’actualité artistique en danse. C’est un lieu de fabrique intensive de travaux issus de la pensée chorégraphique contemporaine, ouverte et en lien avec le cinéma, les arts plastiques, la littérature, les arts connexes. Il s’agit de favoriser la capacité d’autonomie dans la définition du contenu d’un projet, de savoir se situer dans le champ artistique contemporain et ainsi de prendre le risque d’être auteur. Cette formation allie le développement d’une pratique artistique autonome à un travail de recherche avec des artistes invités. C’est dans la collaboration avec des artistes exigeants, dans la rencontre avec des univers artistiques affirmés, que l’essayiste construit son parcours singulier. Les artistes présents ont pour tâche d’inviter les étudiants à partager les questionnements qui animent leur propre création et de les aider à élaborer en retour leur problématique de travail.

Le cursus est ponctué de phases d’atelier avec des artistes et de phases de travail autonome. Des présentations publiques d’étapes de recherche, sous la forme d’écoles ouvertes, ont lieu régulièrement.

Durant le semestre dit de « mobilité », le CNDC constitue un point d’ancrage auquel chaque essayiste reste lié. Ces temps d’ancrage à Angers leur permettent de développer leur travail ou d’enclencher de nouveaux projets. Les essayistes sont encouragés à créer des liens avec des artistes et des lieux de résidence pour diffuser leur travail et nourrir leur recherche de rencontres et de confrontations hors du cadre de l’école. Leur temps est partagé entre des phases de mobilité de groupe allant à la rencontre d’un autre groupe et des phases de mobilités individuelles plus spécifiques à la recherche personnelle en cours : résidence d’artiste en France ou en Europe, diffusion du travail, performance in situ en dialogue avec une structure, stage d’observation d’un processus de création.

À partir de 2011, la formation passe d’un an à deux années. Elle permet l’obtention d’un master danse, création-performance, en partenariat avec l’Université Paris VIII et l’École des Beaux-arts d’Angers - EPCC Tours Angers Le Mans. Deux charges de cours sont dispensées chaque année par le département danse de Paris VIII, qui supervise également l’élaboration du mémoire de master. Ce mémoire est un écrit qui soutient la recherche et la création artistique de l’étudiant. Le mémoire peut prendre la forme d’un dossier artistique. Il fait partie de l’évaluation globale de l’étudiant.

PROFIL DES ÉTUDIANTS

Essais s’ouvre à une promotion de quinze étudiants :

-   issus du champ chorégraphique ou d’autres arts et dont les préoccupations restent les questions du corps et du mouvement,

-   âgés de 24 à 30 ans,

-   ayant traversé une expérience professionnelle d’artistes (interprètes, chorégraphes).

Cette formation nécessite une maturité certaine dans le travail de recherche que les étudiants sont conduits à mener. Il leur est demandé une recherche pratique et théorique intensive.

En accord avec le règlement de l’Université Paris VIII, l’entrée en Master se fait :

-   soit à partir d’un niveau L3,

-   soit après un DNSEP (jeunes artistes issus des écoles d’art françaises),

-   soit par validation des acquis professionnels (témoigner d’une expérience ou d’un parcours artistique équivalent à un niveau de licence).